"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 10 mai 2012

Mon succès damné



Je n'ignore pas que ceux de mes lecteurs et celles de mes lectrices qui savent lire entre les lignes l’avaient senti au fil des derniers billets de ce blogue, sans qu’il fût besoin d’attendre je ne sais quelle exégèse du scrutin présidentiel. J’en avais du reste moi-même depuis longtemps le pressentiment, sans pouvoir l’exprimer crument de crainte de désespérer celles et ceux qui, partout dans le pays et au-delà de nos frontières, eussent aussitôt sombré dans un profond désespoir à la seule pensée que mes mains pussent lâcher un jour proche les rênes du pouvoir… C’est donc du fond du cœur que je remercie la majorité des Françaises et des Français qui, par leur vote, m’ont enfin donné dimanche l’occasion tant attendue d’une révélation salutaire et libératrice : un maire digne de ce nom se doit avant tout à sa ville. Quoi qu’il lui en coûte, quoi qu’il en coûte à la France.

Reposant ma vieille calculette sur la table de chevet, lundi matin avant l'aube, je n’eus aucun mal à me convaincre – Jason depuis longtemps privé de sa toison – qu’il n’est plus grand bonheur que de retourner « plein d’usage et raison, / Vivre entre ses parents le reste de son âge ». Mes administrées et mes administrés savent bien qu’ils sont depuis toujours ma seule et vraie famille. Certes, une pléiade de mauvais esprits ne manqueront pas de pointer que je convoque fort à propos Joachim du Balai… Ignorez comme moi, je vous prie, leur vain persiflage ; répondez-leur que ma décision était prise avant même que je ne découvrisse une mienne prouesse qui pourrait me valoir les honneurs du Guinness des records en 2013 : je suis le maire de la ville de droite de plus de 100 000 habitants ayant voté le plus à gauche au scrutin présidentiel ! Plus de 57 % de nos suffrages au Corrézien, rendez-vous compte ! Près de 60 % dans ma circonscription législative !

Soyons francs : on n’atteint pas par pur hasard un score aussi remarquable ! Le message à peine voilé des électrices et des électeurs, ce n’est pas que cette ville est maladroite – je veux dire  mal à droite mais qu’elle ne s’y sent bien qu’avec un maire à plein temps. J’ai donc immédiatement tiré les conséquences de ce touchant message : enfin libéré par la présidentielle de mes obligations nationales et internationales, il serait indigne que je fisse aussitôt le siège de mon oiseau de malheur à l’Assemblée ! A mon âge, croyez-moi, on a vraiment mieux à faire pour sa ville que député d’opposition, surtout si l’on répugne à donner dans deux ans les clés de la mairie à des crétins, qu’ils fussent de son propre camp ou de celui des socialistes. Voilà donc pourquoi je m'abstiendrai d'infliger à cette agaçante agasse la plumée qu’elle mérite, que je lui eusse pourtant servie de bon cœur, on le sait, dès le premier tour. Ne croyez pas ceux qui insinueront que j’abandonne le combat par lâcheté, quand jamais – je dis bien jamais ! – je n’ai montré en cinq ans la moindre velléité de reprendre le fauteuil du maire au parlement.

Ma décision prise et assumée, mon âme en paix, il ne me restait qu’à dénicher, pour me suppléer, un candidat si possible incapable de battre ma teigneuse dame de pique, sauf à accepter d’être moi-même la risée de mes détracteurs à l’issue du scrutin législatif. Je ne suis pas peu fier d’avoir dégoté l’oiseau rare : apparatchik départemental étranger à la ville, il porte en outre un prénom qui, par les temps qui courent, n’évoque – comment dire ? – ni la hauteur ni la victoire. Je pense qu’il manque aussi à ce riquiqui du crû l’ébauche de calvitie qui, à son âge, distingue déjà le vrai politique du représentant de commerce ordinaire. Avec son esprit de contradiction, Denise m’objecte évidemment que mon ersatz pourrait bien cependant séduire certains nostalgiques des temps anciens, à qui sa chevelure rappellera mon prédécesseur au nom de stade. Laissez-moi rire ! Je sais surtout que, mauvaise Margarine, ce succédané comptera le 17 juin pour du beurre !

3 commentaires:

alphonse a dit…

Autre fameux génie du crétinisme, et de la margarine culturelle:

http://www.franceinter.fr/emission-le-79-frederic-mitterrand-0

Berthe Haut-Loutchy a dit…

Pas très classe, M. Youpi, d'envoyer à votre place ce jeune homme jouer "Le dernier tango à Bordeaux" avec votre margarine. Surtout que si j'ai bien compris vous ne lui faites pas reprendre le rôle de Marlon Brando mais celui de Marie Schneider...

alphonse a dit…

et....flop..!

Voilà tout le bordelais dans la margarine..!

Du moins ces temps qui sont les derniers seront-ils assurés à tous..!