
"Comment sauver l'élan né de la conquête du titre de capitale culturelle européenne", se demande aujourd'hui notre quotidien régional, comme s'il interrogeait lui aussi sainte Catherine ? Hélas, nous n'avons rien conquis, et je crains que, éconduits, nous ne puissions sauver l'élan plus que le caribou ou l'orignal, comme on dirait dans la Belle Province. Tiens-je seulement encore les rênes ?
Comment une capitale régionale, sur laquelle on tire quand elle prononce le mot culture, pourrait-elle aussi facilement redresser la tête ? A fortiori quand elle se trouve désormais privée de sénateur ! Pire, notre cité ne compte plus aujourd'hui un seul parlementaire en propre, au sénat ou à l'assemblée nationale ! Sauf à reconnaître cette lady Macbeth "députicide", dont le spectre me poursuit sans cesse dans la ville telle une ombre maléfique, même si l'on veille scrupuleusement à ce qu'il n'impres-sionne pas trop la pellicule des photographes de presse locaux. Jamais, non, jamais ! Bon sang de bois, il est urgent de relever ici et maintenant la démocratie représentative nationale ; il est en effet inadmissible de ne pouvoir faire démissionner l'ensemble de nos parlementaires départementaux, comme je l'ai fait si facilement d'un conseil municipal !
Notre cardinal, avec qui j'évoquais hier soir à l'apéritif l'aride désert législatif de son siège épiscopal, s'est ému que je n'aie pas eu la sagesse de relire, avant la campagne sénatoriale, les paroles du Christ à un pharisien, dans l'évangile selon Matthieu. Soit, il a été rendu dimanche à César ce qui était à César, inutilement "assiégé". Voilà donc la culture battue par l'agriculture, comme pour donner raison au perfide jury européen. Je doute cependant que, vainqueur, ce César des champs soit prêt à partager sa toge avec notre saint Martin légionnaire, voué à une errance sans abri législatif, loin du confort douillet d'une chambre.
Et dire que, besogneux réduit à deviser seul sur un blogue, je m'embourbe dans ces fondrières provinciales indignes de mon rang, au moment même où Nicolas XVI monte en chaire à l'ONU, son Premier ministre débattant de son côté, au parlement, de l'engagement militaire de la nation en Afghanistan ! Impression blessante d'un monde à l'envers, sentiment de profonde injustice, colère : qu'on me remette enfin à ma place ! Denise, délicate, essaie doucement de m'apaiser, assurée que viendra bientôt mon tour.
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