"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

samedi 7 février 2009

Pallas et Thémis


"Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l’ouvrir, ça démis-sionne." Curieuse maxime de Chevènement, à la réflexion. En 2007, n’ai-je pas dû démissionner sans l’avoir ouverte ni fermée ? Le conseil des ministres, voyez-vous, est devenu un stupide jeu de cartes, dans quoi celui qui tire la dame de pique doit se retirer. Un sort funeste a voulu que je fusse celui-là, au grand désespoir de la France qui en a sombré dans la crise. Depuis bientôt deux ans, telle une bernique impénitente sur son rocher, cette maudite Pallas garde impunément le derrière collé à mon fauteuil ! Et voilà que, à la tête de son comité socialiste de ville, elle se prend maintenant pour l'Athéna municipale ! Quelle Minerve, mon Dieu, quelle Minerve !

Pourquoi remuer ces souvenirs toujours à vif, me demandera-t-on ? A cause d’un éclat de rire franc de Denise venu, dans un froissement de papier, me chatouiller la nuque au petit déjeuner, tel un rayon de soleil juvénile. A la source de cette hilarité, une "indiscrétion" (sic !) de notre quotidien régional, selon quoi, quand il n’est pas occupé à terrasser le dragon de la crise, nain Georges raconte que je lui pleure un maroquin à chaque fois qu’il me rencontre. Attendez ! Le comique n’est pas dans cette vérité ; "Nos informations disent l’inverse", peut-on lire sobrement à la suite. Ce n’est pas à mourir de rire, mais tout de même assez drôle, Nisa a raison. Voilà un vrai journal d’information ! Ici encore, au moins, ma parole est-elle d’évangile : mes pieux mensonges y sont pieusement acceptés.

Trêve de plaisanterie : les Etats-Unis d’Amérique nous ont montré, avec l’élection d’Obama, qu’il est temps que les affaires du monde soient reprises en main par des personnalités d’envergure mondiale. Croyez-moi, ceux qui répondent en France à cette définition se comptent sur un doigt de ma main. Peut-on dès lors continuer de me gaspiller dans des joutes municipales de province où, quand des roquettes s’abattent sur Israël, je dois me résoudre à être attaqué, moi, par des roquets ? Soyons francs : je suis ministrable, comme on dit dans une agence immobilière d’un terrain qu’il est "piscinable", au sens où j’ai la nécessaire dimension. Comme l’induisaient la semaine dernière, de manière subliminale, les slogans de la gigantesque manifestation nationale de nos compatriotes, il convient donc que je sois très rapidement "reministré". Où l’on voudra, tant je puis faire la grandeur de n’importe quel ministère ! Tenez, pourquoi pas à la justice, par exemple ? Connaissant bien le monde judiciaire, j’ai quelques idées personnelles à proposer pour sa réforme. A la faveur du départ annoncé de l’amère célibataire de la place Vendôme, j’exige qu’on me donne enfin la possibilité de valider les acquis de mon expérience, comme le prévoit la loi, et ne m’oppose pas à un mouvement spontané de soutien national.

Selon des amies de Denise, revigorées par le crédo social du Hun qui par miracle a recouvré la vue, on ne comprend pas, dans le triangle d’or, la discrétion de ce blogue sur la victoire des Ford. Elle est imputable, voyez-vous, à mon incurable modestie. A ma timidité maladive aussi, qui m'empêche constamment de me mettre en avant. Si j’ai arraché cette victoire à mains nues, quasiment seul je dois le dire, au prix de ma santé parfois, c’était pour la leur offrir, non pour m’en glorifier. Je me réjouis que mes propositions aient été entendues par le généreux repreneur allemand : j’avais compris, avant tout le monde, que l’agitation des Ford n’étant largement que du vent, leur avenir se trouvait dans la fabrication de pièces d’éoliennes. Elle-même spécialiste de la chose, la ministre en visite m’en a justement rendu hommage, en méprisant par son silence ceux qui, insensibles à la menace du chômage, m’ont lâchement abandonné à la manœuvre pour aller battre, dans un inutile fracas, le pavé de la capitale. J’ai donné aux Ford leur victoire : à travers moi, la République leur doit maintenant la Justice.

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