"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mardi 15 septembre 2009

L'esprit d'équipe

Un ami un peu lourdaud s’amusait à comparer ce week-end ma candidature à l’Elysée, qu’il juge à un stade critique, à ma candidature à l’Euro 2016, qu’il résume à un stade critiqué. Quelques proches ayant été témoins de cette boutade, autant l’évoquer ici avant que Rikiki l’on sait ne l’évente lui-même avec gourmandise, puisqu’elle est sans doute déjà parvenue à ses oreilles. Qu’il sache donc que je demeure droit dans mes bottes, lui qui répète à qui veut l’entendre qu’il m’a botté en touche. Au moins ne m’a-t-on jamais vu, moi, tomber dans les pommes à la Lanterne, à l’époque où les Premiers ministres n’avaient point encore été expulsés de ces lieux par le petit prince. Sans vagale âme, je demeure déterminé à doter cette ville du plus grand stade de province, et la France de son plus grand président de la République ! En 2016, nous serons déjà à un an de mon second quinquennat. Le temps passe décidément bien vite !


De je ne sais quelle réunion Tupperware dans le triangle d’or, Denise me rapporte que, tel Narcisse si l’on en croit la rumeur, je me regarderais tous les jours au petit matin dans mon miroir d’eau, pour m’y abreuver de moi-même. C’est par crainte de m’y noyer que je n’aurais pas construit un vrai bassin mais cette pataugeoire sans hygiène ni profondeur. Narcisse ! Pourquoi pas la belle-mère de Blanche-Neige, pendant qu’on y est, tant je suis entouré ici de nains, sans même parler du pygmée de là-haut ! Soyons francs : "miroir d’eau" est impropre aux aurores de la cité, où mieux vaudrait parler de miroir d’alcool, piqué par les bris de verre ! Si notre jeunesse noctambule s’enivrait d’elle-même, plutôt que de spiritueux étrangers, nous n’aurions pas à ramasser au petit jour ses biberons éclatés. Vive le narcissisme !


A ce propos, j’ai été très peiné que l’éminent président du centre de Malagar n’ait pas pensé à moi pour ses vendanges annuelles qui, ce week-end, avaient pour thème l’esprit d’équipe. C’est précisément mu par cet esprit que j’avais signé comme lui la tribune de Noël du journal La Croix, et rappelé ma fidélité au message social de l’Eglise. Ce grand reporter à la retraite semble avoir déjà oublié le mot "solidarité" que, chrétiens réunis autour de la sainte Crèche, nous avions pourtant placé avec d’autres au cœur de notre engagement partagé. Comment peut-on en effet réunir à la Prévert une cheffe d’orchestre, un lieutenant-colonel, un ancien footballeur, un vieux moine, qui sais-je encore, sans penser au maire de la grande métropole régionale ! Quelle plus belle illustration de l’esprit d’équipe peut-on offrir au monde, en effet, que celle d’un conseil municipal ? Une équipe, c’est avant tout un chef, un capitaine, un maire ! C’est lui qui décide du cap et de la route, pas l’équipage, d’autant plus efficace que sa confiance et son dévouement sont aveugles. Comment édifierions-nous autrement des ponts et des stades ? Qu’on ait choisi de priver le public mauriacien d’un visionnaire de ce siècle demeure donc pour moi un mystère, à quoi le chrétien que je suis eût préféré celui de la Grâce. Croyez-moi, je saurai me souvenir de ce camouflet pas très catholique.


Puisqu’il est question de christianisme, je ne m’éloignerai pas de mon propos en évoquant la situation inconfortable de dame Faillaux que je dirais, si je l’osais, le cul entre deux bénitiers. Dans le scrutin régional qui s’annonce, elle figure en effet une sainte confrontée au supplice de la roue. Allez savoir pourquoi… Le ministre qui va de nouveau conduire notre liste est chargé comme elle des affaires sociales. En bon chrétien, il annonce par ailleurs sans ambiguïté son opposition radicale au suicide à France Télécom. Autant d’éléments qui témoignent d’une parfaite communion entre ces deux-là, pensez-vous. Que nenni ! Sous l’emprise des voix du Béarnais Soubirou, que les vents de Dieu poussent à bâbord, le ministre candidat n’est rien moins aujourd'hui que le diable ! Je m’inquiète auprès d'elle : n’est-elle pas bien en mon conseil ? Ne me soutient-elle pas sans barguigner dans toutes mes entreprises ? Si, si ! La voilà donc écartelée ! Reste à savoir laquelle des deux roues de sa bicyclette est encore chez moi et laquelle déjà chez Roussy, puisqu’on ignore si elle avance ou recule. A ce petit jeu, elle pourrait bien retrouver un de ces jours ses deux pneus crevés ! Et choisir finalement le cloître en s’y retirant sur les genoux.


Je ne suis pas peu fier de n'avoir pas évoqué aujourd'hui l'oiseau de malheur qu'on sait. On attire néanmoins mon attention sur "Concoïdie", une intéressante exposition de Gaëtan Lembeye au centre de Malagar. On y voit dans la cour, me dit-on, entre les chais du rouge et du blanc, une hélicoïde de polystyrène sculpté, fichée sur une souche dans quoi sont plantées... d'authentiques plumes de pie. Je m'efforce de décrypter cette mystérieuse allégorie.

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