"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

lundi 30 mai 2011

L'alouette


Soyons francs : l’Europe n’en fait-elle pas un peu trop autour de ma collègue et amie chargée au gouvernement de l’économie, des finances et de l’industrie ? Au point de la faire passer pour la grande dame blanche de la grotte de Bernadette, devant qui chacun viendrait à son tour s’agenouiller les mains jointes, en l’implorant de s’embarquer pour l’Amérique où elle seule peut sauver la planète ! En quoi, veux-je dire, ses états de service dans de grands cabinets d’avocats d’affaires sont-ils des lettres de noblesses pour la direction générale du FMI ? S’il importe que la France garde son rang à la tête de cette glorieuse institution planétaire, ne croit-on pas qu’elle ait des personnalités plus qualifiées à asseoir sur le trône qu'on lui réserve à Washington, et d'une autre envergure ?

Hélas très peu nombreux, ces êtres d’exception prêts à faire don de leur personne au monde sont évidemment connus ; nul besoin donc de feindre de les chercher en plein jour avec la lampe de Diogène… En toute modestie, je crois pouvoir m’honorer d’appartenir à ce cercle restreint où, entre moi, je me sens souvent bien seul. Loin d’être occupé à hauteur de mes compétences entre une belle mairie de province et un ministère prestigieux, avouerai-je que je me suis senti blessé que notre grand Rikiki ne pense pas spontanément à moi pour le Fonds, plutôt qu’à cette femme sans charisme ni chaleur humaine ? Mon ami Barack à qui j’en ai touché un mot il y a quelques jours, à l’occasion du récent festival de cinéma américain de Deauville, m’a assuré avoir été lui-même choqué que mon nom ne circulât pas, incroyablement éclipsé par celui de cette vieille femme infatuée.

Si j’en crois donc Obama, dont le renseignement est fiable, Razibus eût été ravi de m’envoyer aux États-Unis – autant dire au diable ! C’est son entourage élyséen qui l’en aurait dissuadé, soi-disant pour me garder en réserve de la République au cas où le tenant du titre présidentiel, au 36e dessous, dût renoncer dans un an à l’appel des urnes. Aussi flatteuse que soit en apparence cette information, je crains que ses inspirateurs ne veillent surtout à me confiner dans un destin exclusivement municipal.

Après Deauville à ce propos, bonheur de retrouver avant-hier ma bonne ville pour l’inauguration de sa grande foire internationale : un rendez-vous que je ne manquerais pour rien au monde ! Même si j’ai pris depuis longtemps l’habitude qu’on me jette partout des fleurs, grande émotion à ce que des Polynésiennes et des Polynésiens les offrissent ici en collier à l’outre-maire que je suis. Enivré de fragrances tropicales et libéré de mon oiseau de malheur, en villégiature parlementaire chez les Khmers, j’oublie sous ces latitudes intimes le chemin de Damas, où je désespère que le Seigneur me dise jamais comme à Paul : « Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. » Plus confiant dans l’avenir local que dans l’improbable parole du Fils de Dieu, je retrouve ici devant micros et caméras l’enthousiasme et l’optimisme de la tribune de l’ONU, à deux pas d’où vont s’élever demain celles, plus majestueuses encore, de notre très grand stade !

Point de conflits à régler, point de Tigre ou d'Alouette à déployer sur le territoire de la métropole ; seulement des projets à célébrer tous ensemble dans l’amour et l’Eucharistie ! Ici, je suis le Pain ; toujours la foire m’y réussit, contrairement à la Libye où c’est plutôt ma réussite qui foire, à cause de ce maudit Kadhafi qui résiste effrontément à nos messages célestes… Hosanna ! Joie anticipée d’un conseil municipal sans histoires cet après-midi, à l'occasion de quoi je dévoilerai les détails de notre grandissime foire d’automne, biennale de renommée internationale autour de l’art urbain. C’est tout de même autre chose que ce G8 inutile, dont le nom un peu ridicule n'évoque guère pour moi que ces interminables batailles navales du lycée, en cachette des pions, que je me lassais de gagner toujours. A Deauville, même pas envie de toucher ou de couler Razibus et les autres...

Tout à mon euphorie municipale, je ne résiste pas au plaisir de livrer pour conclure une remarque alerte de Denise, en réponse au présent billet à elle adressé il y a quelques minutes pour relecture : « A propos de tes hélicoptères, m'écrit-elle, sais-tu que la madone du FMI est née Lallouette ? » Coquine, elle ajoute ceci : « Ayant grandi comme moi à la campagne, tu n’ignores pas que l’alouette grisolle et tirelire, ce qui est tout à fait respectable. T'aurait-il échappé cependant qu’aussi elle turlute ? » Diable ! Chat échaudé craint l'eau froide : notre dame pourrait bien vite déchanter, tant ce détail me semble de nature à épouvanter l'honorable institution de Washington !

1 commentaire:

Frédéric A. a dit…

‎...mais, elle cause l'angliche comme une speakerine et matche à peu près le look "négatif à la Warhol" de DSK avec cheveux finition "renard des neiges" et bronzage Club Med '84.