"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mardi 7 juin 2011

Le furet


Rome, Ramallah, Jérusalem, Washington, New York, Paris, Abu Dhabi où je serai jeudi…  A l'image de Celui du Christ, mon corps s’est élevé plus que de raison dans les airs en cette semaine d’Ascension, pour aller prêcher dans le monde la paix de Dieu et des hommes. Si j’en crois du reste un aimable courriel de notre bon cardinal, nombreux sont mes administrées et mes administrés plongés aujourd’hui dans les Actes des Apôtres. « Il fut élevé en leur présence, et une nuée le déroba à leurs yeux », lisent-il en marmonnant leurs prières conjuratoires – ô badauds de notre aéroport, guetteurs inquiets de mes envolées célestes, je reviendrai !

Cette nuée suspendue du Nouveau Testament boude obstinément des pelouses jaunies, réduites à l’état de vieux paillassons, selon un récent SMS du directeur de mon cabinet municipal… Les quelques gouttes que me signalent ce matin des amis sur Facebook n’y changeront rien, je le crains, tant la pluie se fait depuis des mois aussi rare que le maire dans cette fière métropole du 45e parallèle. Suffit-il que je la déserte pour que, n’ayant plus à qui s’abreuver, elle se transforme elle-même en un désert aride ? A ce train-là, nous risquons de célébrer bientôt le fleuve sans une goutte d’eau. Qu’y puis-je ? Inutile d’attendre de moi un miracle, plus là que dans le reste du monde : pour la fête du vin, il faudra patienter jusqu'à l’année prochaine !

Ainsi donc, je serais devenu le furet coureur d’une chanson de mon enfance ! Chère Janet qui me taquinait gentiment la semaine dernière à Ramallah... « Puisque nos villes sont jumelées et que vous n’êtes jamais chez vous, insistait-elle, pourquoi n’avez-vous pas pensé à organiser ici un conseil municipal conjoint en visioconférence ? » Soyons francs : l'idée n’est point sotte, malgré sa part de boutade. Tel l’Esprit Saint, je pourrais en effet descendre à distance sur mes apôtres, adjoints et conseillers, majorité et opposition confondues… Voir avec le secrétaire général de la mairie s’il serait encore temps, où que je me trouvasse,  de préparer cette apparition pixelisée pour le lundi de Pentecôte. Ainsi, de rue en rue, d’immeuble en immeuble, pourrait être soufflée ma parole virtuelle sur des quartiers ébahis !

Chère Hillary, je te pardonne bien volontiers la moue dubitative dans quoi s’est anéantie hier à Washington ma belle proposition de conférence de paix parisienne sur le Proche-Orient ! Au niveau où nous évoluons l’un et l’autre, je ne crois pas une seconde au lapsus involontaire… Quel bonheur ! Quelle félicité ! En me donnant du « Président » dans une conférence de presse qui fait un buzz sur Twitter, me dit Denise, tu m’as littéralement « remis à ma place » ; celle que m’ont depuis longtemps assignée dans leur cœur les Françaises et les Français ! N’étant pas enclin à la dérobade, je m’engage solennellement ici à honorer la parole de l’Amérique éternelle. Même collées au ventre rond de la prima donna, les oreilles de Rikiki ont dû sonner hier au Palais ! Moi vivant, je le jure, jamais son petit roi de Rome ne lui succédera à l’Elysée, puisque tel est bien l’ordre de la Maison Blanche !

Depuis New York où je publie ce billet, n’ai pu m’empêcher de visiter en douce ce que ma pie voleuse ose nommer son blogue. C’est qu’elle y fait une grosse colère, comme on dit dans les crèches et les écoles maternelles ! Quel crime abominable me reproche-t-elle encore, vous demandez-vous ? Eh bien… de sacrifier l'établissement national des Invalides de la Marine pour un parking ! Qui, outre ma dame de pique, connaît et admire ce soi-disant « fleuron du patrimoine maritime » de la ville, dont la condamnation scelle mon statut d’empereur romain décadent ? Le scandale du siècle n’en a pas moins monté jusqu’à l’Assemblée nationale, où un sous-secrétaire d’État a dû clouer le bec à notre oiseau de malheur. Cela ne s’invente pas, il s’appelle… Benoist Apparu. Cette benoîte « Apparition », c’était moi bien sûr mais, comme les apôtres leur Seigneur, l"ingrate ne m’a pas reconnu, me croyant toujours au-dessus des nuages.

1 commentaire:

Ramasseur de prunes a dit…

Dites donc, M. Youpi, vous allez avoir l'air malin! Votre police municipale elle va filer des prunes à tous les blaireaux qu'ils vont se garer dans votre parking, moi je vous le dis, parce qu'on a pas le droit de laisser sa caisse sur une place réservée aux invalides!