"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

lundi 1 août 2011

La faim de la nuit

 
Sommeil rétif la nuit dernière à H***. Accusé hâtivement la pleine lune mais, vérification faite sur mon iPhone, ne sommes qu’à mi-chemin entre celle de juillet et la prochaine, annoncée pour le 13 août, avent-veille de ma nativité . Soupçonnant qu'une petite faim sans doute me retenait en éveil, avalé une banane à la cuisine ; enfoui la peau sous des papiers dans la poubelle verte, pour cacher les traces de ce goûter nocturne à Denise (fait reprendre mes pantalons à la taille, me reproche de « m'empâter » au gouvernement !).

Morphée insensible aux bananes... Fait tourner de l’index sur le bureau mon vieux globe grinçant d’écolier, cadeau de mes parents à l'entrée en sixième. Prendre un jour le temps d’en changer l’ampoule, grillée depuis des décennies, et peut-être aussi la prise (trouve-t-on seulement encore des ampoules à baïonnette ? Sans doute disparues, comme les fusils. Quelle époque !). Arrêt sur la corne de l’Afrique, épais continent monocéros, mais sans la grâce de la licorne. Fermé les yeux… Défilé d'images muettes, enfants faméliques boudant le flasque sein maternel, mouches asticotantes, etc. Et puis cette interrogation traversant mon esprit comme une baïonnette dans la nuit : la faim justifie-t-elle les moyens ? Troublante homonymie : avons-nous encore les moyens de combattre la famine en dehors de nos frontières ? Soyons francs : le service de la dette n’est pas un service de table, et les matons des agences de notation nous ont à l’œil (Standard se moque bien que Poor meure de faim !). Si, guidant le peuple, notre Liberté a jadis tendu généreusement sa mamelle au monde, ce cher et vieux pays n’est guère plus aujourd’hui qu’une nourrice sèche et sans le sou. Encore faim ; mangé un quignon de baguette avant de me recoucher pour rien (oui, ramassé les miettes, Denise !).

Rien à voir, mais s’éclaire ce matin le probable objet de mon énervement nocturne. Une de ces sales infos du net dont le seul but est de souiller la réputation des gens honnêtes. Celle-là, affamée de scandale, s’en prenait à ce qu’elle nomme mes « frais de bouche », prétendument beaucoup plus élevés que dans les autres grandes villes de France. Même pas par habitant le prix d’un big mac-Coca, imaginez un peu la dépense ! A peine plus d'un million d’euros inscrits au budget municipal en 2011 ! A ce train de vie-là, croyez-moi, il faudrait deux cents ans pour atteindre le coût d’un grand stade ! Frais de bouche ? A-t-on seulement pensé qu'il y a là-dedans la bouche de Noël de nos pauvres ? 25% de notre population tout de même, qu'on me reproche assez ! Voudrait-on que je leur refusasse ma table ? « Frais » de bouche, eux, avec leur haleine de chacal ! N'importe quoi ! Vous parie que dans la foulée les médias pointeront demain nos « frais de Bush » en Afghanistan et, bien sûr, en Lubie - je veux dire en Libye ! Honnêtement, me voit-on, moi, bouche cousue à la tribune de l'ONU pour que la France arrête les frais ?

Tout à fait entre moi, sur ce coup-là, n’en commence pas moins à trouver le conflit trop durable, et même – comment dire ? – carrément… longuet : suivez mon regard ! Impérativement besoin en effet de me concentrer à la rentrée sur un autre terrain d’opérations, plus proche et autrement décisif d’un point de vue géostratégique. Créé l’événement la semaine dernière dans la presse, en annonçant pour la énième fois que je conduirai crânement la bataille de la reconquête législative en 2012, au cas où on l'aurait oublié ! On a aussitôt parlé de revanche, état d’esprit dont même mes adversaires les plus coriaces conviennent qu’il m’est totalement étranger. Non, comme ces paysans d’Europe orientale spoliés de leurs terres par le communisme, j’entends faire reconnaître mon titre de propriété à l’Assemblée nationale, voilà tout. Ce pour quoi il faut bien déloger une certaine agasse qui y joue impunément les coucous, sans avoir seulement jamais pondu un œuf depuis 2007 ! Ma petite garde municipale est fin prête – oh, bien modeste avec une centaine d'engagés ! – Déterminée, déjà elle s’est trouvé un joli nom de guerre : le bataillon du Génie ! Quatre ans que j’attends ça : je n’en dors plus ! En attendant les voix, grignoterais bien un petit quelque chose...

3 commentaires:

alphonse a dit…

"...qu’une nourrice sèche et sans le sou..."

Jolie allitération, Madame, pour un dépôt à 23h03 ici et un transfert chez "l'Agasse" à 06h12..!
Le big-mag-coca devait être bien lourd..!

Portez-vous bien!

Alain Youpi a dit…

@ alphonse

Madame????! Reprenez-vous, monsieur ! Je ne suis ni la cantatrice chauve ni un mâle en pis...

alphonse a dit…

Veuillez néanmoins rassurer votre Agasse. Des moissons, moyennes certes, ont été engrangées entre les averses dans les silos de la ligne Maginot...Renonçant à la politique de la paille brûlée, celle-ci fut mise en bottes innombrables s'acheminant vaille que vaille, parmi les flux touristiques surplombant la crise, vers les troupeaux affamés de la Corne du Sud-Ouest.