"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mardi 13 mars 2012

Le Sacre du printemps


Je ne saurais dire pourquoi j’ai depuis ce matin dans les oreilles l’ouverture du Sacre du Printemps de Stravinsky. Est-ce l’effet du soleil qui, à travers la porte-fenêtre de la rotonde, me masse le cuir chevelu de ses doigts espiègles, ou bien le souvenir de Denise, pressée de voleter ce matin vers quelque copine rencardée dans un grand magasin du boulevard Haussmann ? Non,  plutôt l’air de la campagne que celui de la ville ! Une campagne vallonnée où les courbes parfois se croisent magiquement pour vous élever vers l'espérance et la lumière... A la réflexion, le président Rikiki n’est-il pas en l’an 12 de ce siècle, à cent ans de distance, ce que fut Stravinsky avec son Sacre en l’an 13 du précédent ? Je veux dire un passeur visionnaire, par qui la nation et le monde peuvent enfin accoucher d’eux-mêmes dans une contemporanéité assumée et triomphante !

Je ne doute pas une seconde que les siècles à venir retiendront que, en imposant son rythme saccadé à une harmonie par trop convenue, Razibus a inventé la politique contemporaine, au sens où on le dit aujourd’hui de la musique et de la danse, grâce à Stravinsky et à Diaghilev. Bien sûr les amateurs de danse caciques du parti socialiste n’y comprennent rien ! Incapables de faire leurs les idées révolutionnaires de notre héraut national, ils ricanent, ils huent, ils insultent, ils raillent, ils déraillent, ils pérorent, ils expectorent, ils dénoncent, ils blasphèment, ils vitupèrent ! Mais le peuple de France ne s’y trompe pas, qui s’est éveillé dimanche à Villepinte, subjugué par la chorégraphie du président Nijinski que déjà il plébiscite dans les sondages, avant de le sacrer roi le 6 mai ! Rien n’arrêtera plus cette foule en marche, résolue à renverser l’opposition qui l’oppresse depuis cinq ans en soutenant contre elle les chômeurs, les étrangers, la viande halal, les enseignants, la fraude des pauvres, les impôts, que sais-je encore !

En début d’après-midi, appel sur mon iPhone d’un ami gaspésien. Au milieu de son petit-déjeuner, il venait d’entendre à la radio la nouvelle du sacre de Razibus annoncé par l'Ifop. Il me lança, moqueur : « Vous savez pas vous aut’ que le sacre c't'un sport québecois des quat’ saisons, façon Vivaldi, pas rien que du printemps ! » Sans me laisser parler, il ajouta, affectueux : « Maudit niaiseux, te v’là d’jà r’parti pour un lustre avec ton tabernak ! » J’arguai de ma détermination à ne pas vendre la peau de l’ours, puis sifflai malicieusement quelques notes du Sacre, qui le firent éclater de son grand rire franc : « N’oublie pas, mon torrieux qu’ton musicien là, il a aussi composé un Feu d’artifice dans sa jeunesse ! C’t’un peu çâ vos sondages. Ton p’tit nain là, moé je l’vois ben crisser son camp tout d’même au joli mai ; sûr qu’y vâ décâlicer ! » Je prétextai une audience de notre ambassadeur en Syrie pour le rendre à ses crêpes au sirop d’érable.

Après un week-end de fête et de joie couronné par le concert de Rikiki dans le 9-3 puis son show sur TF1, j'avoue que cet appel de la Belle Province a semé le désarroi dans mon esprit. Et si, malgré sa percée, Razibus n’était pas après tout le bon cheval pour la course à l’Elysée, mais la proverbiale haridelle qui jamais n'a fait le printemps ? Dois-je remiser ma joie, me résigner au pire comme la semaine dernière ? Reprendre mes bottes et le parti à la hussarde ? Ou plutôt me concentrer sur ma restauration au Palais Bourbon ? Oui, il est grand temps d’annoncer enfin ma candidature à la presse ! A ce propos, on me dit que ma pie voleuse aurait inauguré hier soir dans ma bonne ville sa permanence électorale, aussi dédiée paraît-il à l’arrogant challenger du président - son mentor comme un arracheur de dents ! Seigneur, la France et notre deuxième circonscription méritent-elles que cette piteuse engeance ait pignon sur rue, et s’exhibe impunément dans une vitrine comme dans un lupanar de Hollande ! Se pourrait-il vraiment que l’un et l’autre ils gagnassent ? Non, non, non ! Fasse le Ciel que ce couple infernal ne me condamne pas définitivement, dans un hôtel de ville de province, au sacre du plein-temps !

4 commentaires:

Anonyme a dit…

"les amateurs de danse cacique du PS" Trop fort…. va cherché loin çà !

Roberto Zucco

alphonse a dit…

Il serait grand grand temps que les vrais libéraux se comptent, Dôme Lumineux!

http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2012-03-14/verhofstadt-en-remet-une-couche-sur-nicolas-sarkozy-902861.php

(écouter aussi la fin de l'intervention du belge, traduite; belge flamand, à préciser)

Je veux dire des libéraux "véritables" dont parlait Stendhal....

alphonse a dit…

Ignoble, Emergence Ripolinée..?

http://tempsreel.nouvelobs.com/election-presidentielle-2012/20120320.OBS4141/bayrou-pointe-une-france-malade-de-ses-divisions.html

Ignoble..?!..

Diriez-vous même plus?

"Il y a des mots qui peuvent porter à conséquences" (?)

En effet!
Et il en faut.
Et il en faudra de plus en plus, au risque de perdre des électeurs.

alphonse a dit…

http://mediatheque.lesoir.be/v/le_kroll/956mars2212.jpg.html