"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mardi 15 décembre 2009

Portrait craché

Me réjouis vraiment, non pour moi mais pour la France, que notre petit Pinocchio ait auprès de lui une sage femme en la personne de sa belle Gepetta. Cette dernière n’a-t-elle pas en effet déclaré avant-hier que, pour l’épouse, un quinquennat semble bien suffisant ? La prima donna ne parle jamais en l’air et l’on sait que, en se penchant un peu, elle a l’oreille de Razibus, qui suit plus volontiers ses avis que ceux des ministres ou des conseillers du palais. Accordons-lui notre confiance.


Qui connaît le talent inspiré de cette femme d’exception ne serait pas étonné que, de sa confidence, elle fît demain pour Chouchou une bien belle chanson sur sa guitare. Je l’y encourage de bon cœur, sans arrière-pensées il va sans dire, avec une affection toute sincère, mêlée d’enthousiasme et d’admiration. Elle doit savoir que je ne me déroberai pas si mes compatriotes me font l’honneur de venir me supplier, en 2012, de renoncer à mon exil volontaire pour reprendre le brillant flambeau de son époux, ami à qui je redis ici mon profond respect pour son œuvre visionnaire, que je poursuivrai avec fidélité et abnégation au service de la France, des Françaises et des Français. Soyons francs : l’Histoire retiendra du quinquennat qui s’achève qu’il fut un vrai lustre éclairant la nation, l’Europe et le monde tel un fulgurant siècle des Lumières. Un éblouissement.


Que ce billet un peu solennel soit donc aujourd’hui pour moi l’occasion de tordre le cou à une rumeur aussi tenace que malveillante, selon quoi je cracherais plus souvent qu’à mon tour sur Razibus et sur ses œuvres. Soyons clair : s’il m’arrive en effet de cracher ici où là sur les pompes du petit prince – je l'admets bien volontiers –, c’est évidemment pour les lui cirer, maints exemples en fournissant au quotidien la preuve. La technique est ancienne qui fait l'économie du cirage. Croyez-moi : nous sommes en phase sur tout ou presque. Des exemples ? La suppression de la taxe professionnelle aujourd’hui m’enthousiasme, et c’est avec joie qu’il a lui-même repris mes propositions sur le grand emprunt national, à quoi déjà s’était rangé le parpaillot à la rose fanée. On ne doit jamais se brouiller entre amis pour des questions d’argent, surtout si l'on n’a pas à sortir un sou de sa poche. La dette est comme le cholestérol : il y a la bonne et la mauvaise et c'est une affaire de rapport.


Comme je l’ai par ailleurs récemment confié à un grand hebdomadaire national, au nom de quoi – grand Dieu ! – serais-je un héros de la résistance, et à quelle fin ? Avec la patine de l’âge, vous savez, mon héroïsme est devenu celui de la mesure, dont l’esprit vaut bien après tout celui des lois. "Vieillir, disait Camus, c’est passer de la passion à la compassion." Nous y voilà. Je n’ai - je le jure ! - aucune raison, aucune envie, aucune volonté de détrôner le petit prince ; ma conscience, mon devoir et ma foi m’imposent à l'inverse d’accompagner en douceur sa fin de vie présidentielle. Franchement, a-t-on vu les sondages ? Il n'est de chose politique ou militaire sans déontologie : comme l’a dit jadis une célèbre journaliste de mon prédécesseur au nom de stade, "on ne tire pas sur une ambulance". Je veillerai donc personnellement à ce que Rikiki terminât son mandat dans la dignité due à sa fonction et à son rang, parce qu'il est notre identité nationale. "Je ne connais qu’un devoir : c’est celui d’aimer", a aussi écrit Camus, on s’en souvient. Je fais mienne son heureuse formule ; le rappel de mon adhésion au message social de l’Église, il y a un an déjà dans une tribune, n’était porteur d’aucun autre message. Quand bien même je commence à entrevoir dans le petit Tom mon prédécesseur, je continuerai quoi qu’il advienne de l’aimer comme mon prochain, à défaut de moi-même. Jusqu'à la fin.


Denise me demande d’apporter à ce billet une précision à mon sens superflue : obtempérons. Le Camus à qui je viens d’emprunter deux citations est l’écrivain de Lourmarin, prix Nobel de littérature, non le producteur homonyme de mon ami Johnny, dont la plume en or ne gratte que des chèques, ignorante assurément de l’angoisse de la page blanche. Celui-là me donne tout à coup une idée. Si, comme on peut le craindre, l’idole des jeunes ne survivait pas à son opération discale – un comble avec tous ses disques d’or ! –, on pourrait très bien imaginer d’accueillir sa dépouille embaumée sur notre vieux terrain de foot désaffecté, reconverti en panthéon à son immortelle gloire. N'y fut-il pas déjà notre hôte gracieux ? Gigantesque, son mausolée de verre et de marbre y serait entouré de tous les dieux du stade. Voir s'il n'y a pas moyen de soutirer à ce Camus quelques millions pour ça… Disons quinze ou vingt, pour boucler notre grand projet et faire un bras d'honneur au Conseil général ! "Reviens, Johnny reviens, / Ah ! Reviens vers moi !" Même les pieds devant, tu seras mon sauveur !

1 commentaire:

Jean-Philippe S. a dit…

Je suis guéri, désolé, mais ah que après le sommet de Copenhague qu'il a fait pschitt il paraît, tu pourrais peut-être faire de ton vieux stade un mausolée pour la planète !