"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

samedi 5 décembre 2009

Ce foot du monde !

En me découvrant avant-hier, à la une du journal, en train de serrer les cinq doigts de Rikiki sur le perron de l’Elysée, repensé au cours de maths qu’il venait de nous asséner dans son bureau avant la photo, sur les systèmes de mesure de l’Antiquité. A croire que le petit Tom sortait des états généraux des mathématiciens, réunis à Paris en début de semaine ! J’ai bien retenu sa leçon : "Faut dix mille doigts pour faire un stade. C’est pas rien vous savez. Hein, rendez-vous compte, dix mille doigts ! Dites donc, y z'avaient le moral, les Grecs et les Romains !" Hélas, l’esprit du maître soixante-cinq n’était pas aux états généreux ! Et dire que je n'étais, moi, qu'à deux doigts de mon grand stade !... Deux tout petits doigts et il me chipote dix briques, trente même par rapport à ce que j’avais officiellement quémandé. Où les trouver maintenant ? Dans un conseil général qui compte déjà ses sous comme les jours qu’il lui reste à vivre ? Soyons francs : je ne puis au mieux espérer de cette assemblée revêche que deux doigts d’honneur présidentiels !


Amateur charitable du ballon rond et soutien fidèle à ma cause, Monseigneur Cinquante-et-un me propose une quête dominicale en sa cathédrale. Je suis sensible à ce message social de l’Église mais, franchement, monsieur le Cardinal, vos ouailles sont sans doute aussi avares de leurs pièces jaunes que de leur présence aux offices. Autant m’offrir des prières à Saint Nicolas, patron comme on sait des voleurs ! Et provisoirement des Français. Denise, à demi sérieuse, me suggère de solliciter le mécène de la chèvre socialiste du Poitou. Pourquoi pas ? Yves ou fleuve, ne sommes-nous pas tombés l’un et l’autre éperdument amoureux d’un Saint-Laurent ? Si ce berger soi-disant myopathe me signe un chèque à sept zéros, je suis prêt à donner au grand stade le nom de son défunt poulain, en hommage à mes amis de la Belle Province. Dans le cas contraire, il doit savoir qu’il me trouvera sur sa route avec un Youpithon ! Et ce n’est pas une menace en l’air : je suis rompu à l'acte de constriction !


Cette ville peut s’honorer aujourd’hui d’un Grand Théâtre, d’un Grand Parc, d’un Grand Homme : qu’on me dise au nom de quoi lui serait refusé un Grand Stade ! Dans cette cohérence, je participerai du reste dès la mi-décembre à un rassemblement de Grands Maires à Copenhague, pour y défendre la sobriété de nos cités durables, qui doivent en finir avec la gabegie. Il n’est plus tolérable en effet que nos administrés gaspillent l’eau, l’électricité ou les ressources naturelles au péril de la planète. Le temps est venu de la décroissance verte, dont les économies pourront être intelligemment réinvesties dans de grandes infrastructures collectives, comme par exemple des stades dignes de ce grand siècle. On voit bien par là que le football est un moyen radical de lutte contre le réchauffement climatique, ses gazons étant de surcroît friands de gaz carbonique ! Tout se tient !


Toujours aussi bornée qu'hostile à mes œuvres, mon agaçante agasse jacasse en ville et se répand en sarcasmes, me dit-on, sur son pitoyable blogue ! Les Misérables de Hugo à la main, elle harangue des foules de gueux affamés qu’elle est la seule à voir dans ses hallucinations ! Si on l’écoutait, c’est sur ces pauvres hères virtuels que devraient se déverser les millions que j'offre à mon grand stade. Quel mépris du peuple que d’ignorer aujourd’hui sa passion du ballon rond, comme elle contestait hargneusement hier son droit légitime aux paris en ligne ! Voilà l’aveuglement à quoi conduit la haine furieuse et tenace d’un homme, dont on jalouse tant l’intelligence que le goût des autres, le don de soi, l’amour de la concertation.


De mèche avec le patron du soviet départemental, notre dame de pique soutient donc l’idée d’un emprunt obligataire à l’intention des supporteurs de notre équipe. Voilà bien la gauche : vous lui demandez un grand stade, elle vous propose un grand emprunt ! Ces gens-là font les poches du contribuable avec l’action sociale, à seule fin de lui interdire les jeux et la majesté de leurs tribunes ! Réserver la souscription de cet emprunt imbécile aux addicts du ballon rond, voyez vous, ce serait un peu comme ne faire payer la sécurité sociale qu’aux gens malades, à l'exclusion des bien portants ! Bonjour la solidarité ! Je crains fort, hélas, que Razibus n’ait déjà converti les socialistes à sa secte libérale ! Il est grand temps de siffler le penalty pour la sauvegarde de leur identité nationale !


P.S. Marie-Agnès me suggère la vente d'un calendrier des dieux du grand stade, où je poserais dans le plus simple appareil avec les politiques régionaux qui soutiennent mon projet. Pourquoi pas ? Ne me suis-je pas déjà mis à nu dans mes griottes hivernales ? Que me reste-t-il à cacher ? Tu as raison, chère enfant, la politique n'est plus aujourd'hui que victoire sur la pudeur.

1 commentaire:

Fidèle lecteur a dit…

Eh bé alors, il n'y a pas de billet cette semaine ? Avez-vous attrapé la grippe du cochon ? Faites-vous retraite dans un monastère, Monsieur Youpi ? Ou bien êtes-vous trop occupé à cirer les pompes de Razibus ? Revenez-nous vite !