"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mercredi 16 juin 2010

Les voix du Seigneur


En plein désarroi, dans un récent billet, je caressais vaguement l’idée de rejoindre un parti chrétien-démocrate. A la faveur d’une navrante actualité, me revient aujourd’hui qu’il en est un tout près, dans l’orbite du grand mouvement populaire dont je suis le père incontesté. Je confesse (mon Dieu ! Ce vilain mot de dessous la ceinture ne condamne-t-il pas à soi seul la langue vulgaire !) qu’il m’était totalement sorti de l’esprit ! Je veux parler de la formation confidentielle d’une pieuse femme, consulteur du conseil pontifical pour la famille à la curie romaine, et aussi éphémère collègue de second rang dans le premier gouvernement de Rikiki. Au logement peut-être, à moins qu’il ne s’agît de la ville ; c’est déjà si loin… 

Soyons francs : l’affaire qui met cette Christine sous le feu d’enfer des projecteurs me révulse. Comment, tenant son chapelet d’une main, peut-on contrevenir aussi cupidement de l’autre au message social de l'Église ? Auri sacra fames ! Une femme qui accepte d’être payée pour un rapport, cela porte un nom, que diable ! Qu’on ne compte pas sur moi pour l’écrire ici, même si celle-là fut à sa manière députée ! Feignant de me rappeler que "droit" se dit "jus" en latin, un éminent éligien raillait hier devant moi la pécheresse : "Souvenez-vous des versets de Jean et de Matthieu contre la cupidité ! Devons-nous demeurer les bras ballants, monsieur le maire, quand le droit canon menace de tourner en jus de Boutin !" 

Certes, il faut bien avouer que cette missionnaire est dans une position délicate. Cela dit, où Razibus avait-il donc la tête quand il lui a confié de réfléchir aux conséquences sociales de la mondialisation, pour éclairer le prochain G20 dont il prétend être le chef d’orchestre, tel Louis de Funès dans  La Grande Vadrouille ? Franchement, autant me demander à moi de lui recoudre un bouton ! Chacun à sa place selon ses compétences, bon sang de bois ! Comme dit Denise, la petite dame est sûrement pour sa part très bonne couturière, mais de là à ravauder un tissu social déchiré par la globalisation, il y a tout de même un pas qu’elle aura du mal à franchir. Et, dans ce domaine, j’ai la faiblesse de me prétendre plus apte à la haute-couture qu’une petite main, fût-elle trempée chaque matin dans un bénitier. Pauvre cousette !

Lâchons-nous. Ce qui me fait vraiment sortir de mes gonds, pour tout dire, c’est cette retraite de députée en sus des gages de missionnaire et de conseillère générale ! En ces temps difficiles où, grâce à une réforme juste et ambitieuse, tel Charles Martel le gouvernement repousse courageusement l’âge de la retraite, il me paraît inadmissible qu’un homme ou une femme politique puisse indécemment cumuler une ou plusieurs pensions de l'État avec divers appointements. Sans être mauvaise langue, cela me rappelle un ancien Premier ministre dont je tairai pudiquement le nom qui, en son temps, prit bien avant soixante ans sa retraite de haut fonctionnaire, qu’il cumule aujourd’hui, m’assure-t-on, avec celle de député et quelques autres émoluments. Parce que la République est un Temple sacré, il faudrait faire "un fouet avec des cordes"  et en chasser tous ces politiciens comme Jésus les marchands ! 

Cela dit, je crois plus à la rémission des péchés qu’à la mission de l’ancienne députée des Yvelines. Qu’elle soit donc pardonnée, comme le fut Marie de Magdala, et sans doute aussi Judas,  acheté pour trente deniers ! Battant gracieusement sa coulpe, notre Christine a renoncé dans la foulée à accompagner madame Yade dans le township de Dam Se Bos à Knysna, où elle envisageait opportunément, me rapporte-t-on, d’étudier les méfaits de la mondialisation sur les populations défavorisées d’Afrique du Sud. Qu’elle se rassure : étant destiné au G20, son rapport finira bien de toute façon dans un hôtel cinq étoiles. A la corbeille.

Sur les conseils de Denise, lui ai chrétiennement adressé ce matin un petit mot gentil au dos d’une image pieuse de Saint-Grégoire. J'y évoque le souvenir affectueux de son engagement gouvernemental pour le développement durable (aucun souvenir, à vrai dire, mais j'ai lu cela dans  sa biographie, ça ne mange pas de pain). Rendez-vous compte, elle avait tout de même fait 339 112 voix à l’élection présidentielle de 2002 ! Ce n'est pas rien et, entre nous, je pourrais bien en avoir besoin dix ans plus tard.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

T'aurais pu venir au lieu d'aller à la fête du vin de Juppé !
Moi, j'avais personne.

A. Y. a dit…

Mais la fête du vin n'est pas encore commencée ! N'hésitez pas à rejoindre les bleus de mon parti si la solitude anonyme vous pèse à ce point !

Anonyme a dit…

Ah, vous faites partie d'un parti ?
Vous devez être très engagé pour avoir un tel pseudo. Sans doute n'osez vous affirmer votre véritable identité de peur que votre cause soit celle qui soit la bonne. Modestie...
Et vous, me direz vous ?
Je vous répondrais que je me suis déjà bien exposé par le passé et qu'en plus, je l'avoue, je doute de tout, même de moi parfois. Mais je sais une chose, je suis un marginal et nul jamais ne m'inféodera.

A.Y. a dit…

@ Anonyme

Mon parti pris est évidemment celui de mon modèle, dont je ne suis que le reflet prisonnier du miroir de votre écran.

Anonyme a dit…

L'UMP, je m'en doutais un peu, mais qui se signale souvent sur les blogs de ceux du PS !
Dur, dur d'être Narcisse, on sait comme cela a fini.

Bonne chance quand même !