"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

dimanche 6 mars 2011

Matthieu (5, 38-39)


Le Caire. Dans le silence de ma chambre, j'entends  comme s'il était à mes côtés Bonaparte déclamer une de ces phrases inspirées dont tout grand homme a le secret – j’en témoigne – , confiant que l’histoire les retiendra pour les temps à venir : « Soldats, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! » C’était le 3 Thermidor de l’an VI du calendrier révolutionnaire alors que, longeant le Nil avec ses troupes, il apercevait au loin les pyramides de Gizeh. Me voici en quelque sorte à sa place ce 16 Ventôse de l’an CCXIX, premier Français à saluer officiellement un peuple courageux et l’assurer du soutien indéfectible de la France à sa  révolution !

Me dis que je pourrais confier à tous ces jeunes fougueux et enthousiastes qui se pressent sur mon passage cette autre vérité, que je crois bien aussi de Napoléon : « La révolution doit apprendre à ne pas prévoir ».  En ce sens, puisque nous n’avions nous-mêmes hélas rien prévu des secousses sismiques qui viennent d’ébranler nos frères arabes, je me glorifie que la France soit toujours dirigée par d’ardents révolutionnaires demeurés fidèles au message de l’Empereur. Je ne serais donc point étonné que, à l’occasion de ma visite d’État, les siècles pyramidaux me contemplassent avec une révérence hautement justifiée.

A ce propos, avouerai-je que je me contente de lever les yeux au ciel quand on me rappelle ici la visite familiale, à Noël, du président d'une communauté de communes sarthoise, petit roi mage accessoirement hôte de Matignon. En vérité, eussé-je été plus clairvoyant que lui sur le devenir de la région que je me serais bien abstenu de le mettre en garde, respectueux en cela de cet autre adage napoléonien : « N’interrompez jamais un ennemi qui est en train de faire une erreur. » Soyons francs : de quel droit ce vague Premier ministre, moins enjoué que le chant grégorien qui accompagne ses rillettes, se permet-il de persifler le prestigieux premier violon du gouvernement, qui procède notoirement du Château sans la moindre sous-traitance ?

Ainsi  par exemple, à seule fin de me nuire, claironne-t-il dans la presse que Razibus est le meilleur et seul candidat de la droite pour 2012. A d’autres, je connais la chanson ! Entre nous, je l’ai entonnée moi-même au Nouvel an à Brasília pour fourguer nos Rafale à Dilma, avec le succès que l’on sait ! Soyons sérieux, même à la troisième démarque Rikiki sera aussi invendable dans un an que le fleuron de notre avionneur national, qui comme lui bat malheureusement de l’aile ! Surtout avec un commercial aussi convaincant que notre moine de Solesmes ! Croyez-moi, spécialiste autoproclamé des questions de défense, ce monsieur ferait mieux de s’occuper à surveiller de près notre Marine nationale !

J’ai gardé pour la fin de ce billet l’évocation d’une blessure profonde et douloureuse, à quoi l'amateur falot du Maine n’est sans doute pas étranger, tant je le crois capable d’avoir inspiré la vilenie d’un jeune turlupin socialiste de mon opposition municipale. Je veux parler de l’affront fait à mon honneur lundi en conseil, sous les yeux  horrifiés du gotha journalistique national, venu célébrer dans ma métropole le retour de l’enfant prodige au Quai ! Voilà donc à quoi s’abaisse une gauche sans éthique, alors même qu’elle accuse une pauvre adjointe de quartier de faire vitrine aux cantonales sans étiquette ! Disons-le sans détour : on laisse sans broncher un jeune scélérat m’attaquer ignoblement sur des questions de cumul d’indemnités, de pensions et d’émoluments alors que je n’ai jamais failli à une droiture qui confine à la raideur jusque dans mes bottes !

C’est indigne ! C’est répugnant ! Qu'en pense monsieur Hessel et pourquoi ce silence ? Relisant Le Cid au lit dans l’espoir d’y trouver l’apaisement du sommeil, me suis senti lundi soir profondément touché par cette tragédie de classe de quatrième ! Rêve depuis chaque nuit de provoquer mon paltoquet morveux en duel ! Seul me retient au réveil le sort funeste d'un pauvre Comte dans cette histoire ! Je crains en effet qu’un jeune socialiste ne soit pas prêt de nos jours à se faire tuer pour laver dans son sang l’honneur d’un homme ! « Ô rage ! ô désespoir ! ô jeunesse ennemie ! / N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? » Voulant faire diversion pour me calmer, Denise m’a rappelé doucement la parole de Matthieu : « Vous avez appris qu'il a été dit : œil pour œil, dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui l'autre aussi. » Matthieu !!!  Décidément ma mie digitale, votre doigté décline ! Je préfère encore Corneille à cette racine du christianisme...

Aucun commentaire: