"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

samedi 12 mars 2011

Y'a comme un défaut !


« Mise en connexion, par un conducteur de faible résistance, de deux points entre quoi existe une différence de potentiel. » Telle est de mémoire la définition du court-circuit dans mon Petit Robert, lue ce matin par Denise. Si j’ai bien compris, les électrotechniciens appelleraient « défaut » ce que la langue populaire nomme plus poétiquement « court-jus », comme on dirait d’un expresso bien serré. Ces quelques arabesques liminaires pour confesser que je viens de prendre une sacrée châtaigne ! Humiliant paradoxe, relèvera-t-on, dans une affaire où mon problème est de n’avoir pas été mis au courant !

Où veux-je en venir ? A cela : la santé du petit Rikiki m’inquiète ; je crains en effet qu’il ne soit atteint du syndrome de Raynaud. Pourquoi ? Parce que dans le costume qu’il m’a taillé sur mesure voilà à peine quinze jours, « y’a comme un défaut », pour dire les choses à sa manière. Après avoir prétendu miser sur mon potentiel pour retrouver un peu de jus, le voilà qui déjà me traite comme le dernier des French Doctors ! Résultat, porté hier au pinacle par la presse, je me retrouve aujourd’hui dans la peau d'un ministre désarmé. Alors que je rame pour refaire de la France le chouchou de Bruxelles, Razibus me court-circuite et réussit à nous griller ! Soyons francs : je ne serais pas étonné que dans la coulisse on nous préparât déjà un film nommé Libya, dans quoi l’ex-épouse d’un romancier-philosophe  en col blanc partagerait l’affiche avec la prima donna... On m’avait donné l’assurance que, moi au Quai, le Château ne serait plus en levittation ; je le retrouve en pleine lévytation ! Comment eussé-je pu comprendre qu'il ne s'agissait que d'une réforme de l'orthographe ?

Ceux qui me connaissent savent cependant que je n'ai pas une nature revancharde. Loin de moi, donc, l’idée d’exprimer ici une quelconque rancœur personnelle ; encore moins de dénoncer le moindre hiatus entre la volonté de notre grand petit prince et la mienne. Il m’importe seulement d’attirer gravement l’attention de mes concitoyennes et de mes concitoyens sur le grave danger que pourrait faire courir à notre démocratie un engagement militaire français prématuré contre Tripoli. N’oublions pas qu’ici et maintenant, les 20 et 27 mars, nous avons pour mission prioritaire de barrer la route au socialisme, à la faveur d’une multitude providentielle de scrutins cantonaux ! Voilà l’urgence de notre combat ! Ainsi, pendant que d’autres bombaient le torse en solo devant micros et caméras, ne suis-je pas peu fier d’avoir obtenu discrètement de nos partenaires européens qu’aucune action commune ne soit entreprise contre la Libye avant que notre vaillante candidate communale ait libéré le deuxième canton !

A ce propos, nos troupes avancent, porte après porte, rue après rue, cage d’escalier après cage d’escalier. Les gens osent de nouveau sortir sur les marchés depuis que nos écharpes y rassurent comme des casques bleus. Pas de quartiers, nous ferons rendre gorge à ma pie voleuse ! Ses mercenaires reprennent des boîtes à lettres ? Ils les bourrent comme des urnes ? Les portraits de l’usurpatrice souillent nos murs et nos portes ? Nous nettoierons tout demain avec le soutien des populations ! Déjà les enfants font le V de la victoire sur notre passage en nous réclamant des chewing-gums ! Des femmes en soquettes embrassent nos valeureux résistants  ! Les oiseaux chantent, le soleil brille : bientôt nous célèbrerons la Libération dans la joie du printemps !

Une presse indigne, offerte à la censure et à la propagande de l’Occupant, me donne à lire entre les lignes que notre dame de pique en déroute aurait prévu d’opérer, mercredi, l’évacuation de ses blessés en poussettes et en fauteuils roulants ! Vu l’état de la voirie, je doute que ces pauvres hères affamés puissent aller bien loin si nous ne leur donnons pas un sérieux coup de main !  Le 27 au soir, galvanisée par mon succès, la France regardera enfin vers moi avec espoir, repentante de s'être donnée en 2007 au plus mauvais des conducteurs ! Le temps sera venu de le mettre hors circuit, sauf à prendre le risque insensé qu’il pète les plombs ! On ne me fera plus mariner, je serai l'Ampère de la Nation !

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