"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

samedi 2 juillet 2011

Les nœuds du mariage


« J’étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus ». Beaucoup pensé depuis quelques jours à la fulgurante « visitation » de Claudel à Notre-Dame. Croirez-vous que la même chose vient en effet de m’arriver à la lecture d’un sondage de Ouest France Dimanche, parcouru avec la curiosité incrédule qui, à dix-huit ans, avait attiré aux vêpres de Noël le futur auteur de « L’Annonce faite à Marie » ! Oui, dans une incroyable lumière, m’est soudain apparue l’évidence de l’union des couples homosexuels, dans une totale égalité de droits avec les couples ordinaires : enfant de Marie, j’ai cru !

Sur les travées les plus sinistres de l’Assemblée nationale, me rapporte Denise, on ne m’en reproche pas moins d’avoir été aussi sourd qu’un disciple d’Onan au débat sur cette question cruciale, voire favorable à l’exécution sommaire par la majorité du projet de loi homophile des socialistes. C’est me faire un bien mauvais procès puisque Dieu ne m’avait point encore touché alors de sa Grâce, ayant négligé de m’informer que 63% des Françaises et des Français étaient favorables à cette nécessaire évolution de notre droit. Sans doute craignait-Il que, prématurément mis au parfum, je ne servisse les desseins néfastes du diable et de ma pie voleuse, déjà conjointement occupés à la prorogation du faux contrat de mariage de l’agasse avec ma circonscription.

On notera à ce propos que si, depuis ma brutale illumination et mon changement de lunettes, je milite au grand jour pour la légalisation de l’union des personnes de même sexe, reconnues comme des conjoints, je ne suis pas pour autant prêt à prendre leurs nœuds pour ceux du mariage. Soyons francs et appelons un chat un chat : cette institution est depuis la nuit des temps l’union d’un homme et d’une femme pour donner des enfants à la patrie, non pour en recevoir d’elle. Tout autre assemblage n’étant pas de même nature, il me semblerait plus correct qu’on lui trouvât un autre nom. Alliance ? Partenariat ? Double dames ou double messieurs ? Je ne saurais le dire, étant aussi dépourvu d’imagination que piètre tennisman. Plutôt que de légiférer dans la précipitation, faisons donc preuve de courage en prenant soin de sonder sur ce point les Françaises et les Français.

Un dernier mot au chapitre du mariage : il n’aura échappé à personne qu’après avoir toujours fait ses petites affaires entre hommes, le FMI a enfin décidé mardi dernier de prendre femme. Lallouette s’est aussitôt envolée pour convoler le 5 juillet en justes noces à Washington. Bon débarras ! Au passage, a-t-on pris soin de remarquer que sa nomination est précisément intervenue le 28 juin ou, comme on dit plutôt en ces temps numériques, le 28.06 ? Ce parfait timing est bien la preuve que, comme au Sofitel, on ne manque pas de « suite » dans les idées à l’Elysée, où ce mariage semble bien avoir été arrangé, sinon forcé… J’ai évidemment adressé de chaleureuses félicitations à l’heureuse élue. « Il y a des gens qui réussissent à cacher même leur hypocrisie », m’a taquiné Denise, citant je crois Paul Claudel dans son journal. Il ne me souvient pas d’avoir jamais brillé dans les parties de cache-cache ; cela dit, je n’avais guère dans mon enfance que des pins étiques derrière quoi tenter de me dissimuler !

A propos de Claudel, que ne fréquentent plus guère hélas nos gens de théâtre, je ne serais pas étonné que des Talibans lettrés le lisent encore à Kaboul, où « L’Otage » et « L’Échange » doivent figurer en bonne place dans la vitrine des libraires, à défaut de s'y donner en spectacle. Cette remarque pour signaler que Rikiki m’aurait trouvé récemment un nouveau sobriquet qui m’oblige : Liberator. Les rebelles libyens en ont, me dit-on, l’arme à l’œil, et un procureur new-yorkais prendrait les devants, de peur que je ne vinsse libérer moi-même son prestigieux otage. Le cœur de mon combat n’est pas cependant dans ces petits exercices d’échauffement. Tel le Général à Londres, je travaille depuis quatre ans sans défaillance à une Libération majuscule : celle d’une pauvre femme prise en otage, il y a près de quinze cents jours, par une poignée d’électrices et d’électeurs rebelles de ma circonscription législative. Depuis le début de son interminable détention au parlement, il ne s’est pas passé un jour que je ne pense à elle. Si ce billet lui parvient, qu’elle sache que Liberator tient toujours ses promesses : elle sera rendue à son mari et à son chien en 2012 ! « En souliers de Satan », m’interroge Denise ? Allez savoir... Le pire n’est pas toujours sûr

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