"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

dimanche 5 février 2012

Sous les palétuviers


Grand succès jeudi soir de la conférence interreligieuse et citoyenne que j’offre une fois l’an à mes fidèles – je veux dire bien sûr à mes administrées et à mes administrés. Intéressant cru 2012, étiqueté « Religions et mondialisation ». Comme je l’ai rappelé à l'assistance, au nom de la laïcité qui m’est chère, le rôle des responsables religieux est d’apporter leur éclairage à la ville, sauf à accepter que les voies publiques demeurent aussi impénétrables la nuit que celles du Seigneur au Moyen-Age. Grâce à Dieu, les temps ne sont plus au pont-levis qu'on referme sur soi par crainte du visiteur, mais au pont levant, fier symbole d’ouverture qui laisse passer les voiles.

Profond regret que, inopportunément retenu à l’intérieur, mon collègue et ami ministre des cultes n’ait pu honorer une invitation de longue date, tant je suis sûr qu'il aurait rencontré un succès monstre ! Celui qu’on nomme entre nous Mendeleïev – pour sa judicieuse classification périodique des éléments de civilisation – aurait en effet été enthousiasmé par les propos de notre brillant imam, pour qui « le temps des religions n'est pas celui de la civilisation et de la politique ». Le hasard m’ayant placé au centre de l’estrade, entouré d’hommes de Dieu et de Bouddha figurant mes apôtres, on eût dit d’une mise en Cène, me fit remarquer plus tard Denise, en insinuant que quelque Marie-Madeleine eût pu par malveillance me soupçonner de partir à la pêche aux fois.

Joie d’accueillir vendredi le Premier ministre, pour clamer ensemble à la ville – et aussi à la campagne – notre foi sincère l’un en l’autre et notre profonde communion en Rikiki ! En avons-nous fait trop ? Toujours en verve, Denise évoque une déclaration d’amour surjouée, façon fiction du samedi soir sur France 3. En réaction à l'agacement que je lui manifeste, elle me cite une prétendue amie à qui notre prestation aurait rappelé la tournée d’adieux de Johnny. J’y vois personnellement un excellent présage, notre idole nationale empilant avec bonheur les faux départs… Puisqu’on veut la vérité, c’est le président Razibus qui a exigé cette affectueuse mise en scène, comme une passation symbolique de pouvoir entre l’actuel et le prochain chef du gouvernement. Cet honneur valait bien un peu de comédie sans doute.

Difficulté à interpréter le rêve exotique que j’ai fait la nuit dernière, peut-être pour échapper au froid sibérien qui sévit depuis plusieurs jours dans le pays. A la proue d'une yole rouge, glissant sur les eaux saumâtres d’une rivière mangée par la mangrove, j'expliquais à une douzaine de membres du gouvernement en sueur la vie extraordinaire des palétuviers. Près de moi, apparemment inattentive, une ministre tweeteuse (nous l’appelons affectueusement Pauline Carton entre nous) jouait des pouces sur son téléphone en mâchouillant un chewing-gum. Tendant le cou, je pus lire le curieux message qu’elle adressait à un collègue, transfuge du PS demeuré à Paris : « Tout ses arbre  tropicot  / Vous insite aux bécauts / Alon z’y mon koko ! » Surprenant mon regard, la péronnelle me fusilla du sien en me crachant : « Martinique ta mère ! », avec la grâce d’Arletty dans Hôtel du Nord. Raconté au réveil cette incongruité onirique à Denise, qu’elle a laissée pantoise. Finalement, résolu cet après-midi d'adresser un texto au ministre de l’industrie pour solliciter ses lumières et en avoir le coeur net… Réponse absconse à l’instant : « Sous les palétuviers mon coco ;o) ».

1 commentaire:

alponse a dit…

Moule à gaufres!
Boit-sans-soif!
Bachibouzouk des Carpathes!

C'est sous les paléuviers que votre coco répétait ces injures du capitaine Haddock...

Qui vont si bien à vos collègues du gouvernement juste bons à cuire dans vos moules pré-établis la pasta du chef, à boire toutes ses décoctions même sans avoir soif et à fermer vos gueules (sic de sic) si par hasard vous aviez une idée personnelle...

Mais bon, on ne peut pas vous demander un niveau comme celui d'un Lumumba: à peine descendu de ses palétuviers, il était considéré par les belges comme un "évolué" parce qu'il avait réussi les examens de facteur de postes. Arrivé 1er Ministre en '60, il a fort fâché sa sainteté Balduinus qui croyait qu'il allait encore lui servir sa messe, en lui rappelant les années de servitude de ses frères sous la chicotte des civilisateurs...Finit peu de temps après dans l'acide sulfurique...au profit du non-droit de Mobutu jusqu'à Kabila, bien plus intéressant pour pomper les richesses sans état de droit....