"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

dimanche 21 septembre 2008

Boudi-bouda


Titre équivoque, ce matin, à la une de l'édition dominicale de notre quotidien, selon quoi la ville aurait gagné hier soir à Grenoble "avec le cœur". Il est bien sûr question de ballon rond, mais ne veut-on pas sournoisement faire entendre par là, à mes administrés, que mon combat pour le titre européen de la culture aurait manqué de cœur ? Je lis en effet ici ou là que des artistes locaux me reprochent désormais ouvertement une conversion subite et circonstancielle à la culture, sans foi et sans élan.

Mon projet 2013 retoqué témoignerait ainsi, à charge, du chantier herculéen qu'il nous aurait fallu mettre en œuvre pour combler le gouffre abyssal de notre retard culturel. N'ai-je pas pourtant trouvé la même situation dans les transports urbains, après une cure de sommeil d'un demi-siècle, et n'ai-je pas relevé le défi avec le brio que l'on sait ? S'il arrive à la culture, comme au tramway, de se nommer désir, qui croit vraiment qu'un autre que moi puisse assouvir ici la soif de mes administrés ? L'heure est venue, oui, mais un jury européen contesté prétend aujourd'hui nous interdire de transformer notre désir en réalité. Cette ville a cinq ans - peut-être même seulement quatre - pour démontrer à ces impertinents l'immensité de leur incompétence.

J'ai évoqué plus haut la conversion que l'on me prête. On se souviendra sans doute que, entraînés par des amis convertis au bouddhisme, Denise et moi étions présents il y a peu à l'inauguration par le Dalaï Lama du temple de Lérab Ling, non loin de Lodève. Mes détracteurs n'ont pas manqué, on s'en doute, d'évoquer bêtement la symbolique de ma présence dans un centre de retraite. Au-delà, je n'ai pas personnellement trouvé en ce lieu spirituel, je l'avoue, l'apaisement, le contrôle de soi, la tolérance et la compassion dont m'ont parlé mes amis. Je confesse même, empruntant à Denise une sienne taquinerie, que j'en suis revenu plutôt... "boudiste", ou "bouddheur", comme on voudra.

C'est sans doute la raison pour quoi je ne me suis pas encore résolu à faire enlever les grands placards qui continuent d'afficher fièrement, partout sur les murs de la ville, notre consécration culturelle en 2013. En vérité, je vous le dis, cette gifle continue de me cuire une joue que j'ai sensible. Et je n'ai aucune envie de tendre l'autre, croyez-moi. Que saint Eloi me le pardonne ! Ite missa non est.

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