"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mercredi 24 septembre 2008

Sainte Catherine


Sait-on que Catherine de Sienne est la sainte patronne des journalistes, des médias et de l'internet ? C'est elle aussi qui a dit que, "pour l'homme courageux, chance et malchance sont comme sa main droite et sa main gauche. Il tire parti de l'une et de l'autre". Déambulant incognito dans notre longue rue piétonnière, j'attends d'elle un signe pour m'indiquer comment tirer parti de deux mains demeurées gourdes toute la semaine dernière.

"Comment sauver l'élan né de la conquête du titre de capitale culturelle européenne", se demande aujourd'hui notre quotidien régional, comme s'il interrogeait lui aussi sainte Catherine ? Hélas, nous n'avons rien conquis, et je crains que, éconduits, nous ne puissions sauver l'élan plus que le caribou ou l'orignal, comme on dirait dans la Belle Province. Tiens-je seulement encore les rênes ?

Comment une capitale régionale, sur laquelle on tire quand elle prononce le mot culture, pourrait-elle aussi facilement redresser la tête ? A fortiori quand elle se trouve désormais privée de sénateur ! Pire, notre cité ne compte plus aujourd'hui un seul parlementaire en propre, au sénat ou à l'assemblée nationale ! Sauf à reconnaître cette lady Macbeth
"députicide", dont le spectre me poursuit sans cesse dans la ville telle une ombre maléfique, même si l'on veille scrupuleusement à ce qu'il n'impres-sionne pas trop la pellicule des photographes de presse locaux. Jamais, non, jamais ! Bon sang de bois, il est urgent de relever ici et maintenant la démocratie représentative nationale ; il est en effet inadmissible de ne pouvoir faire démissionner l'ensemble de nos parlementaires départementaux, comme je l'ai fait si facilement d'un conseil municipal !

Notre cardinal, avec qui j'évoquais hier soir à l'apéritif l'aride désert législatif de son siège épiscopal, s'est ému que je n'aie pas eu la sagesse de relire, avant la campagne sénatoriale, les paroles du Christ à un pharisien, dans l'évangile selon Matthieu. Soit, il a été rendu dimanche à César ce qui était à César, inutilement "assiégé". Voilà donc la culture battue par l'agriculture, comme pour donner raison au perfide jury européen. Je doute cependant que, vainqueur, ce César des champs soit prêt à partager sa toge avec notre saint Martin légionnaire, voué à une errance sans abri législatif, loin du confort douillet d'une chambre.

Et dire que, besogneux réduit à deviser seul sur un blogue, je m'embourbe dans ces fondrières provinciales indignes de mon rang, au moment même où Nicolas XVI monte en chaire à l'ONU, son Premier ministre débattant de son côté, au parlement, de l'engagement militaire de la nation en Afghanistan ! Impression blessante d'un monde à l'envers, sentiment de profonde injustice, colère : qu'on me remette enfin à ma place ! Denise, délicate, essaie doucement de m'apaiser, assurée que viendra bientôt mon tour.

Chère Denise, promue au début du mois directrice du développement durable, dans un grand groupe international de médias dont le nom va aux vrais hommes politiques, s'ils ne viennent pas à lui. Ce fauteuil offert à ma femme, c'est un peu par procuration la reconnaissance de mon passage fulgurant au Grenelle de l'environnement. C'est aussi, surtout, le signe rassurant que sainte Catherine veille sur moi, dans un empire qui peut m'être demain autrement plus utile que celui de César. Au diable les sénateurs !

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