"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

dimanche 11 avril 2010

Un boulevard !

Je n’ai jamais caché combien le dénigrement me peine, dont je suis sans cesse accablé. Souvent je me suis demandé ce qui meut l’homme pour le conduire à noircir toujours la pensée et l’action de son prochain. "Denigrare famam" – noircir la réputation ! – disaient les Romains… Quelque peu oublieux de sa négritude latine, le dénigrement français n’en est pas moins demeuré fidèle à son aveuglante noirceur originelle. A peine réapparais-je à la lumière de la nation que, seiche infâme et gluante sortie des flots à mes trousses, la presse me crache son encre sale à la figure, comme pour me tirer vers les abîmes dont enfin j’ai pu m’extraire, nonobstant des bottes pleines d’eau et de coquillages. Servis par des langues malveillantes, on croirait que ces médiocres plumitifs ne pussent consentir à me tolérer à la surface que pour le vil plaisir de m’y voir barboter comme en enfer.

Les citoyennes et les citoyens ne s’y trompent pas qui, ulcérés, prennent pour exemple dans leurs chaleureux messages la partialité honteuse de notre quotidien régional : "Jour après jour, m’écrit ainsi Germaine B., n’a-t-il pas, sans avoir l’air d’y toucher, feint de vous caresser d'une main l’échine pour, de l’autre, vous mieux maintenir la tête sous l’eau ?" A parcourir journellement ces colonnes perfides, les lecteurs atterrés ont bien compris que la tasse qu’on prétend m’y faire boire tient plus du bouillon que du thé. Soyons francs, il n’est pour s’en convaincre qu’à mettre en regard de cette ciguë amère la soupe constamment servie à Roussy, aux régionales comme hier aux municipales !

On me demande des preuves de ce dénigrement organisé ? C’est bien volontiers que j’en livre quelques unes. Quand, par exemple, le monde entier s’émerveille que j’aie sorti cette ville de son avachissement, jusqu’à la hisser au niveau du patrimoine mondial, notre feuille de chou convoque un vague président de tribunal ou de café du commerce à la retraite, chargé de délivrer son auguste sentence, un coude sur le comptoir. In cauda venenum... Et ce vieux scorpion de me piquer avec une moue méprisante, en laissant entendre que je me soucie de cette ville comme d’une guigne oubliée dans la pochette de ma première chemise, n’y agissant jamais que pour être vu de la capitale ! Quelle ignominie ! C’est s’asseoir sans décence sur mon dévouement, mon abnégation, la fierté retrouvée de mes administrés !

Evidemment notre canard domestique, dont on craint qu’il n’ait plus sa tête, a pris soin de bricoler préalablement un sondage, selon quoi un tiers seulement des Françaises et des Français pensent que je ferais un bon président de la République. J'en entends déjà claironner que je ne suis en somme qu'un "Monsieur Tiers", non sans me féliciter d’avoir ici une avenue de mon vivant pour mieux signifier que déjà je suis mort ! C’est oublier bien vite que Thiers fut lui-même président. Deux ans avant sa réélection – que je souhaite sérieusement à la France, ce n'est pas une blague ! –, Rikiki n’est-il pas pour sa part dix points au-dessous de moi dans les sondages ? Oui, c'est bien une avenue qui s'ouvre devant moi, voire même un boulevard !

Est-ce là tout ce que je reproche à ces marchands de papier imprimé ? Ma paranoïa est-elle circonscrite ? Pour clore, je m’en voudrais de passer sous silence l’incroyable tribune offerte avant-hier sur deux pages à un inconnu, grand manitou urbanistique d’une métropole bretonne au nom de sous-orignal d'Europe du Nord, affirme-t-on. La rose au poing, ce négationniste indélicat me caresse le museau avec les épines, traitant en gros caractères d’idiotie le concept de ville durable ou digitale ! Après cette amabilité, notre gazette ose titrer aujourd’hui, à la une de son édition dominicale, que j’abats mes cartes ! N’est-ce pas plutôt moi qu’à longueur de colonnes on s’efforce d’abattre ?

Soyons clairs : la vérité, c’est que notre quotidien régional ne supporte pas l’idée de me voir happé par les médias nationaux, qu’il s’agisse des journaux les plus prestigieux (genre quotidien du soir paraissant à midi), des grandes stations de radio (surtout, ne vous taisez pas, Elkabbach !) ou du vingt-heures des plateaux de télévision. Croyez-moi, il ne laissera pas partir sa vache à lait sans résistance, une chute drastique de ses ventes étant inéluctable si je fais don de ma personne à la France. Voilà pourquoi je suis,  dans cette province reculée, victime d’une incroyable campagne de dénigrement ! Voilà l'œuvre au noir d'un journal d'opposition municipale !

A l’instar de ce que subit actuellement notre excellent président de la République, je m’attends à ce qu’au dénigrement succède bientôt la rumeur. J’y suis prêt, s’il faut en passer par là pour arriver demain à l’Elysée. C’est l’occasion pour moi de redire ici à Rikiki-de-droit et à sa charmante épouse mon amitié, mon attachement, ma solidarité dans l’épreuve. Mon admiration aussi pour leur œuvre, que Denise et moi nous engageons à poursuivre méticuleusement. Ah ! La rumeur !... Qu’est-elle d’autre au fond qu’un bruit qui court et des gens qui marchent à sa poursuite ? Comment pourraient-ils le rattraper ! Quelle joie, tout de même, si la presse anglo-saxonne pouvait sortir en 2012 que je trompe enfin Denise avec Marianne, et que mon épouse elle-même s’est entichée du nouveau président de la République ! En attendant, je fricote en douce avec Perrette auprès de la fontaine mais, de grâce, ne le répétez surtout à personne !

3 commentaires:

Météo a dit…

Qu'est-ce qui vous prend, c'est le vent de Nord-Est ou quoi ?

Le piéton a dit…

Une avenue ou un boulevard ? C'est pas plutôt une ruelle ?

Columbus Mac Repair a dit…

Niice blog thanks for posting