"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

lundi 19 avril 2010

Famille d'accueil


Soyons francs : maire digital et durable, suis-je un candidat désirable à la magistrature suprême ? Après une nuit d’insomnie, telle est la question qui m’angoisse en ce lundi au goût de cendre, où bienheureux sondeurs et Journal du Dimanche font la grasse matinée, après m’avoir assassiné sans repentir ni vergogne. Alors que je me répands crescendo dans les médias depuis des semaines, qui pourrait croire que seulement cinq Françaises et Français sur cent soutinssent mes velléités présidentielles ? C’est-à-dire quatre fois moins que Rikiki, qui culminerait à 20% tout mouillé ! J’ose à peine évoquer mon score au sein des partisans de notre grand mouvement populaire, moindre encore s’il est possible, puisque je ne serais assuré que de l’affection de 4% de mes chers compagnons, contre 51% au petit Hun nain, excusez du peu ! Faut-il que nous volions à basse altitude pour que, majoritaire d’une légère talonnette dans nos rangs, il s’effondre de 30% pour peu qu'on mêlât nos voix à celles de l’opposition ! 

M’avez-vous vraiment oublié, mes chers compatriotes ? Ou bien, comme me le susurre un ami indélicat, vous souvenez-vous encore trop bien de moi ? Denise tente de me rassurer, la chère âme, qui insiste sur les points positifs du sondage : je fais quatre fois mieux que mon successeur au développement durable qui, note-t-elle avec humour, est littéralement désintégré par un ridicule 1%. Certes, Denise, mais c'est que lui n’est pas candidat ! Il faut bien se rendre à l’évidence : je suis la victime collatérale de Razibus qui, en trois ans à peine, a réussi la prouesse de détourner de la droite les Françaises et les Français ! Au point que, pour tout dire,  j’envisage très sérieusement de changer de famille politique, en même temps que de circonscription législative. Ah ! J’entends déjà la pie qui chante ! Eh bien qu’elle jacasse cette agasse !  Pourquoi refuserais-je à mes concitoyennes et à mes concitoyens le changement à quoi ils aspirent ? Ce siège désormais me répugne qu’elle a usé de son derrière ! Je suis un homme debout !

Hier, bien humblement, me suis ouvert de cette conversion à notre bon cardinal, en lui montrant l’infâme gazette du jour du Seigneur. Heureux, il me conseille affectueusement de rejoindre ma famille naturelle, respectueuse du message social de l’Eglise qui me tient tant à coeur. J’y suis prêt mais où, en dehors de moi, se trouve aujourd’hui la démocratie chrétienne ? Le Général ne se retournerait-il pas dans sa tombe si, mon bâton de pèlerin à la main, j’allais réveiller le MRP comme je l’ai fait de cette ville ? Conviendrait-il que je me rapprochasse du pieux Béarnais, pour qui je nourris encore quelque tendresse, de sorte à capter les reliefs du MoDem ? Je suis après tout pour lui un sacré beau parti, avec 4% de sympathisants… 

A propos de famille d’accueil, on sait que la célèbre série télévisée éponyme de France 3 est tournée en notre ville. Dans sa quête de supports à ma résurrection médiatique, Denise a tout naturellement demandé à la production de me recruter comme figurant, non pas pour une adoption, ni pour l’argent bien sûr – rien à voir avec un jeton de présence au conseil d'administration de LVMH ! – mais pour qu’on me voie à la télé aux côtés de Ginette Garcin, la vieille tante espiègle des Ferrière dans le feuilleton : elle peut me ratisser des voix dans les maisons de retraite, croyez-moi. Toujours au boulot à 82 ans, mine de rien… Je me sens prêt à suivre son exemple, en enfilant trois quinquennats !

A quoi veux-je en venir ? A cela : ma candidature a été refusée ! "Veto du château", a rétorqué la production à mon épouse médusée, habituée à plus de bienveillance dans les médias. Qu'importe, j’y vois plutôt un bon présage !… Modestement placé à 4 ou 5%, je n’en affole pas moins Rikiki qui craint mon audimat comme la peste ! C’est la panique à bord, on ne doit plus me voir ni m’entendre ! Est-il meilleure preuve de mon embarrassante existence ? "Pour le reste, me faisait remarquer notre cardinal alors que je l’aidais à retirer son étole, a-t-on vraiment besoin d’un journal du dimanche ? Le législateur devrait veiller à ce que les marchands de journaux fussent chassés du temple et des boutiques le jour du Seigneur. Croyez-moi, le candidat ou l’électeur trouvera toujours bien plus de raisons d’espérer dans les évangiles que dans les sondages." Ce prélat éclairé n’a pas tort tant, entre nous, la Sofres et Opinion Way n’auraient pas donné cher de Jésus sur la Croix.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Alain !
ta mémoire est manifestement moins bonne que celle de tes concitoyens : la femme du boulanger, c'est feu Ginette Leclerc… Ginette Garcin avait tout juste dix ans quand le film est sorti !

Denise Y. a dit…

@ Anomyme

Merci pour cette mise au point. Je viens d'effectuer la correction sans le dire à mon époux, qui me démontrerait qu'il avait raison. Je me demande tout de même s'il ne fantasme pas un peu sur les Ginette. En connaissez-vous d'autres ?