"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 2 septembre 2010

Lapidations


N’ayant jamais jeté la pierre à qui que ce soit, on ne s’étonnera pas que je me révolte ici avec force contre l'horreur de la lapidation, pratique barbare indigne de la démocratie, d’où qu’elle vienne et qui qu’elle vise. Je pense bien sûr à Sakineh, cette innocente condamnée à mort iranienne défendue par notre valeureux couple présidentiel, au grand dam de monsieur Ahmadinejad ; mais ma pensée va aussi – est-il utile de le préciser ? – à mon ami le ministre du travail, Saint-Sébastien pris pour cible depuis des mois par les flèches empoisonnées d’une presse assassine, aux ordres d’une opposition cruelle et sans vergogne. Une "lapidation médiatique assez impressionnante", a commenté le malheureux avec une émouvante sobriété. Hélas, il n’est pas aujourd’hui dans ce pays de journaliste que ne trahisse le lance-pierre que l’on voit dépasser de sa poche-révolver avec un stylo baveux !

Alors, Denise et moi le crions à tous ceux qui encore n’auraient pas compris : ne vous y trompez pas, Eric et Sakineh, c’est un seul et même combat ! Bon sang de bois, faudra-t-il donc encore convoquer Montesquieu, Usbek et Rica pour faire comprendre à cette gauche inculte et partisane que ce que l’on dénonce en Perse ne saurait être toléré dans les frontières du pays des Droits de l’Homme ? Ils pourront être fiers, croyez-moi, ces lapideurs en Lapidus quand à son tour, dans la presse internationale, un président iranien rayonnant sommera bientôt la première dame de France de sauver la tête du sauveur de nos retraites ! Quelle injustice ! Quelle image monstrueuse, catastrophique, ravageuse de notre pays dans le monde !

Soyons francs : notre courageux ministre de l’intérieur n’est-il pas lui-même victime d’une sournoise lapidation médiatique dès qu’il entreprend – non sans humanité après mes remarques amicales – de raccompagner chez eux, à nos frais et dans la dignité, des Tsiganes retenus par la pauvreté dans un pays malade et démuni, loin de leur chère patrie ? Quelle inadmissible indignité dès lors que les états d’âme honteux de deux ou trois ministres de la République ! Je ne prendrai pour exemple que celui des affaires étrangères, vieux politicien du voyage dont la caravane rouille depuis trois ans déjà dans le parc du Quai d’Orsay, alors qu’elle disposait notoirement d’une place de parking gratuite rue de Solferino. Et que le vrai ministre est de toute façon à l'Elysée.

Traitre à son camp comme à celui qui l’a recueilli pour lui épargner les errements propres à sa condition de nomade, le French doctor s’accroche à son portefeuille comme le vieil Harpagon à sa cassette, dans l’espoir insensé de n’être pas bientôt remanié dans un hospice de province. Outragé par cet affront, que Razibus ne l’a-t-il congédié sur le champ, rassuré que j’eusse moi-même déjà quitté le banc de touche pour mes exercices d’échauffement ministériel ! Il est grand temps en effet que, bateau ivre depuis trois ans à la dérive, le Quai soit enfin repris par le grand capitaine de vaisseau qui, il y a un peu plus de trois lustres, faisait encore à sa barre l’admiration du président Mitterrand ! Chaque jour compte, croyez-moi, pour que la France retrouve son rang dans ce monde tourmenté où, je le sais, les chancelleries m’attendent comme le messie ! " Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !"

A ce propos, un éditorialiste local s’étonnait l’autre jour que je convoitasse un poste de chef d’orchestre sur le Titanic. Passons sur l’inconvenance de cette amabilité lapidaire pour nous interroger sur la pertinence du propos.  Comment a-t-il échappé à ce graveleux pisse-vinaigre que les pierres volent de toute part dans mon camp, en cette belle fin d’été ? Et que pendant ce temps-là, calfaté de frais à la Rochelle, le navire socialiste vogue joyeux vers une victoire que seul un miracle pourrait nous épargner, pour autant que Dieu voulût bien entendre les prières du père Arthur ! Si le bon prêtre assomptionniste n’était pas exaucé avant 2012 et que je dusse passer mon tour, j’aurai soixante-douze ans à la présidentielle de 2017 ! Soyons lucides : même le Général n’avait pas atteint cet âge avancé en 1958, à l'aube de son premier mandat ! Alors, autant dire les choses crûment : je suis cuit si je ne n’embarque pas maintenant, fût-ce sur le Titanic pour y diriger n'importe quoi ! Dans deux ans, survivant du naufrage et enfin rétabli, si Dieu le veut, dans ma charge parlementaire, je reviendrai s'il le faut vivre auprès de mes administrés le reste de mon âge. En bonne santé j'espère, je pourrai rédiger tranquillement mes Mémoires - enfin sans médecin dans les pattes, comme dirait Chantal !

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