"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 18 novembre 2010

Je vous fais une lettre...

Chères Administrées,
Chers Administrés,

« Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas. » Ainsi s’exprimait un président de la République qui m'aimait bien dans ses derniers vœux aux Françaises et aux Français, le 31 décembre 1994. Je fais miens ici ses mots chaleureux et réconfortants pour vous dire, les yeux dans les yeux, ma détermination à demeurer parmi vous. Heureux, ceux qui ne me voient pas et qui croient ! Aux autres – Thomas incrédules – dites que j’apparaîtrai parfois sur leur chemin les lundis, vendredis et samedis, tel le Christ à ses apôtres. A leur tour ils croiront : n’ont-ils pas imaginé jusque-là que j’étais installé à plein temps dans leur ville ?

Aux gardiens intransigeants de ma parole, aux fondamentalistes de mes serments, vous rappellerez sobrement les derniers mots du Général à nos compatriotes de Mostaganem en juin 1958 : « Vive l’Algérie Française ! » Le grand homme honora-t-il cet engagement ? L’accusa-t-on de versatilité ? S’avisa-t-on de le traiter de grande girouette ? Mon cabinet militaire a effectué une recherche : rien sur Dailymotion à l’époque, je vous l’assure, alors qu’on me fait tourner en boucle et en bourrique depuis lundi sur Internet ! Pourquoi cet acharnement ? Pourquoi ce chantage ? Pourquoi tant de haine et d'indignité ?

Un homme politique de notre envergure, voyez-vous, se doit en toutes circonstances à la France. Jamais vous ne le surprendrez à faire passer le respect de ses promesses avant l’intérêt supérieur de la Nation. Aujourd’hui, le danger est à nos portes ! L’immense péril qui nous menace, c’est le retour des socialistes au pouvoir  en 2012 ! A l’âge du virtuel triomphant, ces marxistes sournois continuent de prôner l’égalité réelle, au risque de terroriser les marchés, de braquer les agences de notation, de mettre la France sur la paille ! En tant que ministre de la Défense, secondé par un gouvernement dont je suis le numéro deux, ma mission est de déclarer la guerre au socialisme pour sauver la peau de Razibus. Je veux dire assurer sa victoire ou – sait-on jamais ? – lui succéder s’il continue de descendre en torche dans les sondages.

Je ne doute pas que, fidèles, vous soyez tous à mes côtés pour faire triompher cette grande cause nationale. Fort de votre soutien, c’est à vous que j’ai pensé avec fierté en m’installant lundi dans le salon bleu de l’hôtel de Brienne. C’est à vous encore que j’ai songé avec émotion en prenant place hier sur le banc des ministres d’où, grâce au Ciel, je tournais le dos à ma sénestre dame de pique ! C’est de vous enfin, je l’ai bien compris, que venaient les mots affectueux que m’a adressés dans l’hémicycle l'avenante députée du conseil municipal, à qui nous avions préparé une petite note.

Puisque j’évoque ce conseil communal où je ferai des apparitions, telle la Dame Blanche dans la grotte de Bernadette, allez répéter par la ville qu’il est uni, serein, heureux de ma consécration nationale, et non point gonflé de rancœur, comme l’insinue mon oiseau de malheur en crachant sa pauvre bile. Dites aussi qu’avec un chef de cabinet fort civil, je suis un peu à Paris comme en mon vieux palais épiscopal, et que j’ai même trouvé, sur un mur de portraits, celui de mon prédécesseur oublié au nom de stade.

Rappelez enfin à vos concitoyennes et à vos concitoyens que c’est ici, rue Saint-Dominique, que le Général s’installa pour diriger le gouvernement provisoire à la Libération. Et que c’est aussi là qu’en 1918 Clemenceau avait annoncé la Victoire. Cette prestigieuse filiation m’oblige ; j’y vois un signe du destin ! Demain vous me verrez aux côtés de Rikiki à Lisbonne, dans un important sommet de l’OTAN. Nul doute que de vieilles vidéos vont circuler sur le net où l’on me verra en boucle évoquer sans ménagement le bourbier afghan, critiquer le retour de la France dans le commandement intégré de l’Alliance atlantique, affirmer mon refus catégorique de participation au bouclier antimissile américain, que sais-je encore ? Quelle importance ? C’était au temps où je marquais Rikiki à la culotte en lui taillant des shorts. Soyons francs : si abjurer est un grand mot, comme dit Denise, c'est aussi parfois un excellent remède. A Notre-Dame, à Saint-André ou à Lisbonne, croyez-moi, Paris vaudra  bien toujours une messe ! Et comme nous le répétait ma grand-mère, « ça ne peut pas vous faire de mal si ça me fait du bien » !

1 commentaire:

alphonse a dit…

L'égalité, Denise!

Vous ne pouvez tout de même pas laisser entrer n'importe qui à EDF, chez Peugeot, ou dans les fabriques d'armement..!

A la Défense, c'est différent: à certains moments du moins, on a besoin de tout le monde..!