"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mercredi 3 novembre 2010

La route du rhum ?

 

Je tiens à rassurer les nombreux fidèles de ce blogue qui, sur les cinq continents, s’inquiètent depuis quelques jours qu’un nouveau billet tarde à éclairer leur route dans la nuit. Le silence que je romps aujourd’hui était celui du recueillement, de la retraite, en rien du doute, de la lassitude ou de l'abandon. On ne s’étonnera pas, du reste, que j’aie consacré le long weekend de Toussaint à la prière et à la réflexion, jusques à m’interroger hier sur la résurrection des morts en politique.

Tel Jésus sorti du Tombeau, on assure me voir en des lieux différents de la capitale, apparitions ubiques et fugaces qui témoignent de la foi des Françaises et des Français en ma capacité de faire pour eux des miracles. Je suis signalé au quai d’Orsay, on m’entrevoit rue Saint-Dominique, je m’incarne à Bercy : où me verra-t-on demain encore ? On m’assure que monsieur Hulot aurait été vu à genoux sur un trottoir du boulevard Saint-Germain, près de l’entrée de l’hôtel de Roquelaure, où il priait Saint-Rikiki de me remettre au chevet de la planète en allumant des cierges durables.

Las ! J’ai chuté deux fois déjà sur ce qu’il faut bien appeler mon chemin de croix. On m’a craché au visage ; j’ai souffert le martyre de l’exil transatlantique, subi l’humiliation d’un enterrement provincial. Se relève-t-on plusieurs fois des morts, fût-ce en politique ? Puis-je accepter de servir sous la tutelle du coucou qui s’était installé dans mon nid durable, et qu’on dit plus intéressé par la feuille de route du rhum que par celle que s’apprête à lui remettre Razibus en lui confiant Matignon ? Un prestigieux énarque, ancien Premier ministre de la République, peut-il s’abaisser à paraître dans un gouvernement conduit par deux avocats d’affaires ? Quelle eût été la réaction du Général en pareille circonstance ? A tout hasard, j'ai fait déposer avant-hier un chrysanthème à Colombey. La dalle de mon palais épiscopal me semble parfois plus lourde encore que la pierre de son tombeau.

La sonnerie de mon téléphone est plongée dans un coma profond ; mes appels résonnent dans le vide ou ne joignent que des répondeurs. A quoi donc me préparer si j’ignore à quoi l’on me destine ? Comment, si jeune encore, puis-je être condamné à disparaître de l’écran radar des vingt-heures ? Les informations régionales de France 3 à quoi je suis réduit figurent-elles la noire lucarne du royaume des morts ? Est-ce vivre encore que jeter des ponts infranchissables sur le Styx quand on est né pour l’Olympe ? Ô Léthé, ruisseau ingrat de l’oubli ! L’automne me laissera-t-il encore sans portefeuille ?

Une fois n’est pas coutume : sur ordre de Denise qui croit aux vertus du divertissement, je viens de visiter en douce le blogue de ma dame de pique. Toussaint oblige, alors que j’aspire de toutes mes forces à la résurrection, l’usurpatrice nous y entretient de sa « bataille pour l’AME » ! Serait-ce donc mon siège qui l’inspire ? Torturée par son péché mortel, croit-elle donc encore au salut ? Cette future femme battue se résout-elle enfin à la contrition ? Que nenni ! Il est question de nez qui coulent dans le yaourt où d’ordinaire elle pédale ! Ceux de mes lecteurs qui disposent d’un kleenex pourront s’aventurer à découvrir comment, grâce à cette pie voleuse à l’Assemblée nationale, le bacille de Hansen (norvégien, non pas bulgare !) a sauvé en commission le droit aux soins des étrangers les plus démunis, en situation irrégulière dans l’Hexagone. Les médecins de Molière bavardent de nos jours en jupons, et des blogues leur tiennent lieu de crachoirs !

Voilà à quoi l’on s’amuse au parlement, quand la lèpre qui menace le pays s’appelle le réchauffement climatique, la crise économique et financière, le chômage, le terrorisme et autres fléaux du siècle ! Soyons francs : Barack Obama eût-il compris lui-même qu’on ne sauve pas l’économie et les emplois d’une nation par l’assistance sanitaire aux plus faibles que, sans doute, il n’eût pas perdu hier aussi bêtement sa chambre des représentants ! Cela servira-t-il de leçon au petit président Razibus ? Cet avocat m’appellera-t-il enfin aux affaires, plutôt que de me mener en bateau de ministère en ministère, au désespoir de mes concitoyennes et de mes concitoyens ? Allons, la barque est pleine  et je ne supporte plus d'avoir la dalle ! Levez-vous, enfants de la patrie ! Si vous ne voulez pas me voir échouer comme le premier venu au conseil économique et social, imposez de toute urgence ma parousie au nabot !

1 commentaire:

Raymond a dit…

Si je comprends bien ce que je lis ce matin dans la presse, ton sélectionneur aurait finalement décidé de te faire jouer en défense. C'est ce qui s'appelle aller au rata, non ? Moi, je crois que t'es complètement "mesmerisé" par Sarko. Ca doit bien faire rire le Général sous ton chrysanthème à Colombey !