"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 17 novembre 2011

La main verte


Lundi, jour de saint Sidoine, soufflé ma première bougie. Un an déjà en effet que, m’extirpant d’une paisible maison de retraite municipale où je jouissais d’un repos bien mérité, Rikiki décida brusquement de me faire jouer en Défense en équipe nationale. Qui était Sidoine, me demandera-t-on ? Souvenez-vous... Cet aveugle à qui Jésus rendit la vue en lui frottant les yeux d’une sainte boue, faite d’un sien crachat mêlé à un peu de terre à ses pieds. Fierté d’avoir moi-même, par semblable miracle, ouvert les yeux du monde à l’ONU sur la dictature libyenne, en lançant le 17 mars de la plus haute tribune mon Appel du 18 juin ! Fils de Dieu préférant le message des Évangiles à la nouvelle philosophie, j’avais très humblement mêlé ma salive au sable du désert. Mais j’ai aimé, moi, cette belle guerre, et ce beau pays qui va maintenant se reconstruire. Pierre par pierre !

Tenant à fêter cet heureux anniversaire, Razibus m’a demandé de faire un saut mardi dans ma ville pour l’y accueillir. Consenti bien volontiers à ce déplacement, ravi de retrouver avec lui des amis enthousiastes que je n’ai plus guère l’occasion de saluer, tous réunis dans la joie sous un hangar. Il s’agissait d’honorer entre nous le quart de la population de cette cité qui vit sous le seuil de pauvreté, en lui rappelant fermement que la misère ne saurait être une excuse à la malhonnêteté individuelle ! En ces temps de crise et de dette, il n’est en effet pas inutile de trouver les mots forts qui conviennent, pour rappeler aux plus défavorisés que « Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude », comme le disait l’Exempt au Tartuffe de Molière. Quand l’indigent vole sa caisse d’allocations familiales, ignore-t-il qu’il donne le mauvais exemple aux plus aisés qui, par contamination, pourront eux-mêmes céder en toute innocence à la tentation ? Je ne le crois pas.

A quelques centaines de mètres de là, protégés à distance par des cordons de CRS et bientôt rejoints par une petite poignée de retraités en goguette grassement pensionnés par l’État, une cinquantaine de vigoureux fonctionnaires en arrêt de maladie agitaient des drapeaux de circonstance en vociférant à l’entour. Après qu’un participant se réclamant de je ne sais quelle ligue droit-de-l’hommiste leur eut servi un discours convenu d’un autre âge, ils eurent droit, me dit-on, au sketch pitoyable d’étudiants en art très dramatique, qui offrirent bientôt à leurs huées de pauvres traîne-savates (masqués qui en Rikiki, qui en vieille Liliane, etc.) qu’ils récompensèrent de connards d’or, en allusion peut-être au propos affectueux que je tins naguère à un opposant notoire, à moins qu’il ne s’agît d’une réminiscence de salon présidentielle.

A propos du Christ évoqué plus haut, une Marie locale se trouvait là, me rapporte-t-on, qui pourrait agacer bientôt ma choureuse agasse, si j’en crois une intéressante information de notre excellent quotidien régional. Je veux parler d’une mienne administrée, rejetonne sans pipe du plus célèbre des paysans du Larzac, qu’on dit fort tentée par une candidature écologique à la députation dans ma ville. Plus précisément – me croira-t-on ? – sur la fameuse circonscription qu’imagine me ravir ma prétentieuse dame de pique en juin prochain : ce n’est pas une blague ! Soyons francs, je ne suis pas mécontent de ce développement à quoi Denise me soupçonne d’avoir mis un peu la main qui fait des miracles. No comment : on ne parle pas ici-bas des dons qu’on a reçus du Ciel, ni de la manière dont on en use ; c’est un principe que je ne trahirai pas. Disons simplement que j’ai… la main verte. Comme disait l'autre, que ceux qui ont des oreilles entendent, et que ceux qui ont des yeux voient !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Monsieur,
En tant que bon maire de Bordeaux et ministre du gouvernement, je me permets de vous écrire car je pense que seul vous avez l'influence dans notre belle ville pour informer les Bordelais.
Ce matin, en écoutant ma radio préférée, j'ai entendu que pour une fois, vous avez trouvé un terrain d'entente avec vos adversaires (dont Mme Michèle DELAUNAY) sur la proposition de Loi portant sur "le congés deuil". Or notre quotidien régional, celui que lisent tous les Bordelais, n'en parle pas. Sachez que je trouve que cela fait tout d’abord offense à votre grande intelligence mais surtout, il me semble déplorable que les Girondins dont les Bordelais, ne soient pas informés d’une Loi qui pourra soulager leur douleur en cas de deuil.
Je compte donc sur votre vigilance et votre intervention auprès de vos services de communication pour mettre en place toutes les actions nécessaires afin que cette injustice soit réparée.
Veuillez agréer, Monsieur, mes respectueuses salutations.
Florence LAMARQUE, une électrice Bordelaise en manque d’information.