"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 10 novembre 2011

Western spaghetti


Contrairement à ce que serait tenté d'imaginer à première vue le visiteur ou la visiteuse de ce blogue, il ne sera pas question ici de l’Italie et de sa cruelle actualité. La situation géopolitique est en effet trop dramatique pour qu’un homme d'envergure planétaire se hasarde à commenter la fin tragique d’un vieux Cavaliere tombé de cheval, ou je ne sais quelle faim des marchés que ne saurait assouvir un plat de pâtes occidentales à la sauce de ce blogue. Plus légèrement, mon intention est d’évoquer un film un peu oublié du grand réalisateur Luigi Bazzoni, sorti en 1968 alors que je soutenais le Général sur les barricades : « L’Uomo, l’orgoglio, la vendetta ». En français, « L’homme, l’orgueil et la vengeance ».

J’avoue avoir été subjugué à l’époque par cette libre et grandiose interprétation de la Carmen de Mérimée, au point d’aller la voir plusieurs fois dans une salle obscure du quartier latin entre deux manifestations, tant je m’identifiais sans trop savoir pourquoi à son Don José westernisé. C’était rue des Écoles, je crois… Regret de n’avoir pas retenu le nom de ce petit cinéma d’art et d’essai, devenu depuis comme moi Le Desperado me dit Denise – no comment ! Pressentais-je déjà dans cette Carmen volage la République infidèle qui s’obstinerait à me tromper et à me filer plus tard entre les doigts ? Je l’ignore mais n’en serais en vérité point étonné. Inoubliable Tina Aumont dont l’évocation me trouble encore à plus de quarante ans de distance ! Mon aînée d'un an, disparue bien jeune hélas en 2006 sans avoir eu jamais l'honneur de me rencontrer… Penser à faire porter demain des roses sur la tombe de cette Carmencita au cimetière du Montparnasse. Les morts votent rarement mais qui sait, peut-être murmurent-ils à l'oreille des vivants quand ils se recueillent dans l'isoloir ?

Pourquoi la résurgence nostalgique de ce souvenir, me demandera-t-on ? Eh bien par le hasard d’un article du Monde sur quoi fut attirée hier mon attention. Croirez-vous qu’une journaliste – son nom m’échappe, qu’elle me pardonne – vient de reprendre le titre de Luigi Bazzoni, dans un livre consacré à quelque homme politique sur le retour que la vie ne semble point avoir épargné. Un peu comme je le fis jadis moi-même de mon Don José de western, elle voit en lui une façon d’Edmond Dantès, victime de la jalousie et de la médiocrité. Personnage apparemment sec et peu amène, je ne sens cependant pas a priori en lui le cœur et le charme italiens qui m’avaient immédiatement séduit chez Franco Nero en 68. Soyons francs : l’orgueil et l’esprit de vengeance m’étant aussi étrangers que la modestie et l’empathie, cet has-been verrouillé dans son entre-moi rigide ne m’inspire aucune confiance. Et pour parler net, son hagiographie que je n’ai aucune envie de lire me semble dégager comment dire ?  –  des ondes plutôt négatives…

A ce propos, je voudrais évoquer un phénomène connu qui n’a rien à voir, celui de la réfraction. Chacun a observé dès son plus jeune âge qu’un pinceau plongé dans un verre d’eau paraît brisé, à cause de la réfraction de la lumière lorsqu’elle traverse la surface du liquide : les physiciens parlent en effet de déviation de l'onde. C’est précisément ce qui s’est passé en 1997 quand, pour mon plus grand malheur, les socialistes ont été plongés bien malgré eux dans la dissolution : ils se sont retrouvés brutalement déviés vers Matignon. J’affirme donc que le jeune et fringant patron de Bercy ne voulait rien dire d’autre avant-hier en affirmant que les socialistes ont alors pris le pouvoir « par réfraction ». La Gauche ne s’en est pas moins fendue d’une Charge héroïque en dégainant dans l’hémicycle ! Personnellement, son pauvre western m’a laissé aussi froid qu’un plat de spaghetti oublié depuis deux jours sur un coin de table !

1 commentaire:

Corvidophile a dit…

Otez-moi d'un doute : votre pie voleuse est-elle entrée par réfraction à l'Assemblée nationale en 2007, ou bien sont-ce des électeurs réfractaires de la 2e circo qui vous ont dévié de votre trajectoire en vous volant dans les plumes ?