"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

dimanche 9 novembre 2008

Enfin Grouchy !


Visité à Berlin le site d’une éolienne de dernière génération. Haute de cent quatre-vingt mètres, elle produit de l’électricité pour quinze mille habitants. C'est incroyable ! Émerveillé, j’ai confié à Angela Merkel - amie de quinze ans avec qui j’ai des atomes crochus, sans danger de fission - que je pourrais reconsidérer cette histoire de redressement du pont Eiffel, prise à tort peut-être pour une mauvaise plaisanterie. Imaginez que, si notre soudeur Buisson acceptait qu’on donne à sa tour des ailes de moulin, nous pourrions fournir en électricité près de quarante mille de mes administrés, puisqu’elle ferait plus de deux fois la hauteur de celle de Berlin ! Joschka Fischer m’a soutenu, dont la pensée est toujours aussi pénétrante, arguant qu’on peut en effet se battre contre une tour, mais plus difficilement contre des moulins à vent. Angela a semblé d’accord, évoquant subtilement en illustration sa relation difficile avec notre petit président.


Au-delà de ces rencontres amicales, j’étais en fait fin octobre à Berlin pour m'exprimer comme expert, devant le Haut Conseil Culturel franco-allemand que préside un vieux compagnon, Jacques Toubon - "comme dans le cochon", plaisantions-nous dans notre jeunesse ! Il s’agissait de plancher sur la question suivante : "Une politique culturelle européenne est-elle souhaitable ?" J’ai passé outre la mise en garde de Denise, qui voyait dans cette invitation une façon de provocation envers le maire d’une ville honteusement privée, il y a peu, du titre de capitale européenne de la culture. Je ne pouvais en effet, au motif de cette blessure, ne pas saisir l’occasion de rappeler au monde que la culture est un puissant levier de développement économique et social, notamment grâce aux industries culturelles.


J’ai donc de nouveau évoqué la filière culturelle viti-vinicole, les châteaux de nos vignes devant naturellement dialoguer avec les vins d’Outre-Rhin, mais avec aussi d’autres boissons allemandes servies à la pression. A la faveur de leurs échanges, les jeunes de nos collèges, de nos lycées et de nos universités sont à ce sujet les meilleurs vecteurs de brassage et de rayonnement culturels, pour preuve le fructueux jumelage de notre ville avec Munich. Il est enivrant à leur âge de découvrir sur place, par tâtonnements successifs, qu’on ne marie pas un vin rouge à une choucroute ou une bière à un magret. C’est une belle illustration de la méthode expérimentale de Claude Bernard, qui vaut bien quelques juvéniles gueules de bois : "on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans !"


Quant au champagne, on le sabrera semble-t-il très bientôt à Reims, pour fêter la victoire d’une femme, à défaut d’avoir pu user efficacement de sa rapière pour la décapiter. Qu’il le veuille ou non, le parti socialiste s'apprête à m’offrir un cadeau royal pour ma présidentielle. Soyons francs : je sais parler aux femmes en politique et on m’a vu à l’œuvre, au siècle dernier, avec quelques péronnelles de mon gouvernement. La Perrette de Poitiers prépare ses aiguilles de couture pour terrasser la petite éolienne vaudou de l’Elysée ? Grand bien lui fasse ! Elle rêve d'écraser Blücher mais devra affronter Grouchy : j’offrirai aux frères ennemis de Joséphine leur victoire de Waterloo.

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