"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 13 novembre 2008

Yahvé Allah et moi


Fin de mission à N.Y. où je représentais N.S. à une réunion de chefs d’Etat sur le dialogue interreligieux. Si le petit monsieur prétendait me mettre en apprentissage pendant deux jours, c'est raté : je connais le métier et l’on m’y reconnaît. Tout de même agréable de se retrouver à l'ONU parmi ses pairs, quand bien même on les domine intellectuellement, sans vouloir me vanter. Parmi eux, ai repensé avec tendresse à cette vieille dame, un peu sourde sans doute, heureuse de me croiser à l’aéroport, qui m’a gratifié avec assurance d’un affectueux : "Je vous adore, c’est vous notre futur président Groupama !" Si la restitution était approximative, l’intelligence m’a semblé vive et l’intuition réelle. Soyons francs : par la médiation de cette administrée peut-être, Yahvé et Allah m’ont, je crois, dans leur dialogue œcuménique, désigné clairement du doigt. Que leur volonté soit faite.


Suis allé cet après-midi me recueillir un instant sur le site des feues Twin Towers. En élevant mon regard vers leurs sommets disparus, ai vu dans un flash s’élever à leur place notre passerelle métallique dédoublée, telles deux tours Eiffel buissonnières. Une voix semble alors m’avoir murmuré, comme sortie dans un souffle des nuages : "Construis une tour Eiffel près de ton fleuve pour la jumeler à celle de Chagall et de Trenet." Je sais que le long fil rimbaldien tendu entre les deux me fera, de clocher en clocher, gagner la capitale ! » A ton chalumeau, Buisson, nous n’avons plus de temps à perdre mais une élection à gagner !


Barack Obama n’avait pas encore répondu à mon courrier quand j’ai quitté notre ex future capitale européenne de la culture pour le nouveau continent. Sans doute sa lettre enthousiaste m’attendra-t-elle à notre retour, mêlée à l’abondant courrier d’administrés reconnaissants que me délivre chaque jour un facteur résolument hostile. Chicago n’est pas si loin, mais Barack me pardonnera de ne pouvoir y faire un crochet, étant attendu dès demain dans mon cher et vieux Canada, pour y célébrer le 400e anniversaire de la fondation de Québec, et effacer les pas de Roussy. Serai fêté comme un enfant du pays dans les deux langues.


Quel besoin avait Denise, dans un hôtel copieusement étoilé de l'Upper East Side, à des milliers de kilomètres de la France, au-delà d'un océan, d’aller me dégoter sur Internet une photo de ma pie voleuse entre notre préfet et un général, à la cérémonie municipale du 11 novembre ! La péronnelle ne rate pas une commémoration, marquant un certain goût pour l’uniforme. Si le petit Hun suit les recommandations de la commission Kaspi, je me demande à quoi elle passera son temps. Le cliché la montre dans un tailleur bleu, pas très couverte pour la saison. A quelques pas mon légionnaire, raide comme la justice, que n'inspire pas son propre patronyme pour lui offrir la moitié de sa veste sénatoriale... C’est indigne, mais je le comprends.


Quoi qu'il advienne, on ne verra pas la dame de pique dans la ville à partir de demain. Non à cause d'une mauvaise bronchite, mais parce qu'elle va commémorer à Reims ce week-end le soixante-quinzième anniversaire des congrès socialistes. Le préfet et le général, me dit-on, ont décliné cette partie de chasse royale, qui s'annonce trop sportive. Tant pis pour les photos. La doctoresse s’en remettra, et eux pourront à l'occasion regarder au chaud, sur la chaîne parlementaire, la recette du broyé du Poitou.

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