"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 6 novembre 2008

Yes, week-end !


Homme d’ouverture pourtant au-delà d’un nom apéritif, notre cardinal m’a appelé hier soir, depuis Lourdes, pour me conjurer de fermer les magasins le dimanche, sur instruction expresse de Monseigneur Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France, sans doute alerté par la pieuse Faillaux. J’apprécie l’homme, mais il m’agace. Pourquoi les prêtres seraient-ils seuls autorisés à travailler le jour du Seigneur ? J’ai rappelé au bon prélat que le salut des créatures de Dieu passe aussi par le beurre qu’elles peuvent mettre dans leurs épinards, qui ne tombe pas du ciel en mottes.


Parlant d’épinards, lui ai soufflé une question pour sa conférence : pourquoi la sainte communion ne permet-elle au fidèle de ne consommer que le corps du Christ et non point aussi son sang, comme il l’a enseigné aux apôtres pour leurs mises en cène? Je m’explique : qu’on propose nos meilleurs châteaux à mes administrés pour l’eucharistie dominicale, en sus de l’hostie consacrée, et je m’engage à les envoyer en masse à l’église plutôt qu’au quai des marques ! Des étals pourraient ainsi, après la sainte dégustation, être installés sur le parvis des églises, pour proposer à bon prix des bouteilles de vin béni aux fidèles allégés de leurs péchés. Le cardinal ne m’a rien promis, je l’avoue, se contentant de remarquer que Dieu, pour me punir, pourrait bien faire travailler aussi nos vins tous les jours de la semaine, week-end compris, et les transformer finalement en piquette. Allons, Dieu est amour, non vengeance, et je sais qu’il veut comme moi que nos châteaux se vendent aussi bien que l’eau de Lourdes!


S’il me rappelle, penser à demander à notre épiscope ce qu’il pense de la retraite à soixante-dix ans. Certes, le Christ a quitté son travail terrestre à moitié moins, mais il est toujours à la tâche auprès du Père, comme beaucoup de vieux prêtres qu’on ne se bat pas pour remplacer au portillon des presbytères. Peut-être l’archevêque me rappel-lera-t-il que j’ai moi-même naguère fait valoir mes droits à pension civile bien avant soixante ans, profitant in extremis d’une loi trop prodigue que nous allions supprimer, mais c’était pour faire don de ma personne à la cité, au pays et au monde. On sait que Dieu, qui a clairement opté pour le repos dominical, sans le moindre commandement sur la retraite, m’a bien fait payer depuis, avec le secours d’une justice aucunement céleste, d’avoir rendu si tôt mon tablier de fonctionnaire. Soyons francs et disons-le sans détour à nos anciens : à partir d’un certain âge, on se remet statistiquement mieux d’un accident du travail que d’un accident vasculaire cérébral. Travailler plus longtemps permet donc de désengorger non seulement les maisons de retraite, mais aussi les urgences des hôpitaux. C’est bon pour les comptes de l’État et de la sécurité sociale.


Ai tenté de téléphoner à Barack Obama ce midi, pour le féliciter. On a refusé de me le passer, en me gratifiant d’un désobligeant "Never heard of you, man !". Ces démocrates métissés sont trop jeunes pour savoir que j’ai occupé naguère le quai d’Orsay et Matignon. Ignorent-ils seulement moins que Bush ce que sont l’un et l’autre ? Faute de mieux, me suis replié sur un petit compliment postal "prioritaire", accompagné d’une photo dédicacée de moi sur un âne, pour gage de ma proximité quotidienne avec le sympathique symbole du nouveau parti présidentiel. J’y rappelle à Obama que nos sorts seront liés en 2012, année du renouvellement de son bail à la Maison Blanche et de la signature du mien à l’Elysée. Par la grâce d’une loi de progrès, je ne serai pas plus que lui menacé à cette date , en pleine jeunesse, du couperet humiliant de la retraite obligatoire.

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