"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

dimanche 1 mars 2009

Savary photo


Le parti de la mater Delors-rosa n’aime pas les Savary, dont il finit toujours par se débarrasser. Ainsi d’un Alain, que Mitterrand déboulonna jadis à Epinay pour entamer sa longue marche vers l’Elysée. Devenu sans rancune ministre de l’éducation de son tombeur en 1981, ce Savary dut démissionner trois ans plus tard, désavoué par le président sur l’école, avant de mourir abandonné de tous ses camarades à la fin du septennat. C'est une bien triste histoire. Plus près de nous hier, c’est mon ex opposant municipal homonyme qui, après avoir relu trois fois la liste régionale de son parti pour les européennes, a dû se faire à l’idée qu’on avait bel et bien oublié son nom.


J’en suis très sincèrement affligé, on l’imagine. L’intéressé sait mon attachement, confirmé naguère par un tribunal attendri d’apprendre, de la bouche de mes avocats, que "connard" est "une expression méridionale et affectueuse". Je le lui redis ici, en ces moments injustes et douloureux de solitude. Qu’il sache que son sacrifice ne sera pas vain, qui peut-être nous assurera un siège supplémentaire en juin. On me certifie que, dans la famille Savary, un saltimbanque nommé Jérôme aurait écrit et monté dans les années 80 une pièce intitulée "Le bal des cocus". Cela n’a évidemment rien à voir, mais je n'en conseille pas moins à ce Jérôme, s’il est toujours vivant, de ne pas trop s’approcher du parti socialiste, où son théâtre pourrait finir en drame.


Balade à pied hier soir avec Denise cours de la Martinique, au crépuscule d’une journée de soleil déjà vernal. Comment ne pas avoir pensé à y faire arriver notre Carnaval cet après-midi, pour l’y brûler par solidarité avec nos compatriotes ultra-marins, scandaleusement privés de festivités par une poignée de casseurs irresponsables ! Fidèle de Thalassa sur France 3 - ma thalassothérapie cathodique de fin de semaine, comme dit Denise en fredonnant Delerm - j’ai visité la Martinique depuis mon canapé en décembre. Tout m’y a paru "ordre et beauté, Luxe, calme et volupté". Pourquoi alors cette explosion aujourd’hui, comme à contrecœur, en traînant des pieds derrière la Guadeloupe ? Ceux qui ont la chance d’en avoir un doivent reprendre le travail, ou bien il sera donné aux autres, c'est la loi du marché. Il faut savoir terminer une grève, comme disait le Général. Ou bien était-ce Thorez ou Séguy ? Que ce soit l'un ou l'autre, cette chienlit insulaire a assez duré ! Les touristes ont droit à leurs vacances.


Soyons francs : nos grands noms du Pavé ont jadis fourni travail, sécurité et prospérité aux habitants de ces îles, mais qu’y peuvent-ils si l’on persiste aujourd’hui à interdire toute publicité pour le rhum des Antilles ! Les rhumes de l’hiver, croyez-moi, résistent moins bien aux grogs qu’à des médications inutiles qui ruinent la sécurité sociale. Ma dame de pique ferait bien d’y penser, plutôt que de sécher l'assemblée en Afrique : il n’y a pas que le SIDA et le cancer ! Voilà quelques jours au dessert, en son palais, j'en ai touché deux mots à l’honni-président qui, par réflexe, a promis de nous envoyer un médiateur ; un rhumatologue, de surcroît féru de particules et de tirets.


Par feinte solidarité, ai offert à mon hôtiste la page 10 photocopiée d’un précieux petit livre inutile, "Les miscellanées de Mr Schott"*. On y apprend que, de 1784 à 1811, le gouvernement britannique a perçu un impôt sur les chapeaux d’homme, à l’intérieur de quoi un timbre redevance devait être collé. Pourquoi ne pas imposer aujourd’hui les casquettes ou les capuches, ai-je suggéré au petit homme ? Dans un bâillement de lassitude, il m’a répondu envisager sérieusement de rétablir l’impôt sur les fenêtres, dont il accepterait au demeurant d’exonérer les enveloppes, les SDF et les châtelains. "Quid des vasistas, lui ai-je demandé ?" Il ne m’écoutait plus. "C’est la liste des candidats du PS aux européennes que m’a filée Besson ; ça varie encore", m’a-t-il rétorqué, en me montrant une feuille froissée qu’il venait d'extraire de sa poche de pantalon. "Est-ce à cause de Giscard que tu m'interroges en allemand ?" J'avoue que l'oiseau est parfois dur à suivre.

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* Editions Allia, 2005.

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