"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

vendredi 23 octobre 2009

Transgénies contemporains

Va pour "éventaux", si cela les amuse… Mais, n’en déplaise à mes détracteurs, notre foire internationale aux plaisirs de l'art contemporain fut un immense succès, salué partout dans le monde. J’en ai l’intime conviction quand bien même, je le concède, l’événement a été quelque peu éclipsé par le quartier d’affaires de Razibus junior, à cause de mon agaçante agasse. Pourquoi dès lors s’obstiner à me dénigrer, à travestir la vérité ? Comme je disais ce matin ma satisfaction de cette belle victoire à un groupe d’administrés croisés sur le pavé, entre la cathédrale et mon palais épiscopal, l’un d’entre eux m’a renvoyé impertinent : "Et vantard avec ça !" Eventaux, et vantard… Cela commence à bien faire !


J’ai peu d’humour en effet, nul ne l'ignore, et ces déclinaisons faciles m’irritent, qui procèdent d’une campagne de manipulation et de désinformation, comme dirait le jeune Rikiki. Un exemple ? On voudrait maintenant me faire passer pour un maire prodigue, qui a gaspillé dans cette affaire entre vingt et trente euros par administré. Gaspillé ? Ridicule ! Vingt euros, est-ce vraiment une fortune quand on sait le prix de l’art ? Soyons francs : les visiteurs auraient déboursé au moins trois fois plus si la mairie n’avait pas réglé l’ardoise, sans compter le coût du transport pour nos amis du bout de l’Europe et du monde. Seraient-ils seulement venus pour deux ou trois voitures accidentées et quelques sièges de plastique aux pieds pris dans le béton ? Franchement, vous seriez-vous déplacé à leur place ? Personnellement, je n'en suis pas sûr. Il est vrai que nous n’aurions pas eu dans ce cas à payer la réfection des pelouses, que s'impatientent de brouter nos ânes impénitents.


En lieu de quoi, m’a fait judicieusement remarquer un dirigeant de France-Télécom, aucun employé de son entreprise n’a profité à ce jour de la passerelle de bois pour se jeter dans le fleuve. C’est bien la preuve que l’art conceptuel a une influence positive sur le moral des agents des télécommunications, malmenés par une mondialisation déshumanisée, brutale, impitoyable. Sous cet angle, je ne suis pas peu fier d’avoir jeté une passerelle entre une culture d’entreprise de tir à la carabine et la vraie culture du XXIe siècle. Notre petit Faust, ordonnateur des festivités, a remarqué en ricanant que l’art contemporain et France-Télécom procèdent au fond d’un même principe : si on y entre, il faut se jeter à l’eau. Acceptons que l'art contemporain soit aussi provocation, contrairement à l’art pompier, sans grand intérêt au-delà des premiers secours.


La mia Gazza Ladra, que je ne vois jamais nulle part, a évidemment zappé la biennale, occupée qu’elle était, me rapporte-t-on, à brosser son chien qui perd ses poils. C'est de saison. A ce propos, il paraît que la pauvre bête a grimpé l’autre jour sur une estrade dont sa maîtresse venait de descendre, comme pour y prendre sa place. Se préparerait-elle à la présidence de l’Epad, que maman a finalement soufflée au fils à papa ? A moins qu’on ne voie bientôt le cabot sur la liste de Roussy aux régionales, tant je crains que le népotisme aille parfois jusqu’à la niche, qui n’est pas toujours fiscale.


Puisqu’il est incidemment question de népotisme, que penser de l’arrivée de la fille du faucheur d’OGM en tête de gondole régionale ? Je lis qu’un archange Gabriel à moustache verte aurait annoncé à cette petite Marie avoir conçu pour elle un projet divin. Si l’enfant est au service de mon brouillon cub socialiste, comme on le murmure, ne risque-t-elle pas d’être accusée de transgénisme ? Elle pourrait bien finir fauchée par son père, si elle n’y prend garde. A sa place, je demanderais conseil à la pie voleuse qui, me dit-on, plaide pour les trans sur son blogue et au parlement. Au parlement ? Mais que diable fait-elle au parlement ? Qui y soigne-t-elle donc ?


Que le lecteur me pardonne ces digressions, qui nous éloignent de la biennale. Il est temps de penser à la prochaine, que je pressens sur l’Afrique, avec peut-être une passerelle de lianes et ce crocodile du bassin de la mairie qu’il faudra bien fourrer quelque part. Denise, plongée dans une revue, a livré hier à ma réflexion une remarque de Fabrice Hergott, le directeur du musée d’Art moderne de Paris. Jamais entendu parler de lui ni de son musée. "L’art contemporain n’amène que peu de certitudes", a-t-il déclaré dans une interview. Cela tombe bien : j’en ai pour lui à revendre, comme en toutes choses.

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