"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mercredi 24 février 2010

Department Story


Il ne me semble pas devoir rappeler ici mon adhésion au message social de l’Eglise, qui fonde au quotidien une action municipale exemplaire, pour que les plus démunis de mes administrés  puissent mettre à l’abri des intempéries ce qui leur reste de dignité humaine. C’est donc avec l’humilité du pénitent que j’ai récemment lancé un appel poignant et désespéré au financement du logement d’urgence, indispensable à cette ville. Hélas, il n’y a été répondu que par l’ironie et le sarcasme, au mépris des mal-logés que je représente, à qui je suis réduit à n’offrir que mes prières pour tout refuge ! 

Le Grand Cantonnier départemental prétend se moquer de moi,  dit-on : il se fout du monde en vérité ! Aurait-il eu la curiosité de se plonger dans un dictionnaire étymologique, plutôt que de tremper sa plume de pie dans le vinaigre, qu’il eût compris le sens de la mission première de sa chère collectivité territoriale. Jusque dans les cantons les plus reculés du Royaume, sans même n’être allé jamais à l’école, chacun savait déjà il y a dix siècles que le "département" signifie littéralement l’action du partage. Aujourd’hui hélas, ayant perdu la mémoire, on me refuse sa cassette ! Tel Harpagon, on ne "départit" plus l’argent du contribuable. Chacun pour soi et rien pour les autres ! Même départementale, la pie n’est pas partageuse, sinon avec les siens : ce n’est pas là son moindre défaut. 

Funeste et malheureuse époque où l’on a oublié sa langue et perdu ses racines ! Comment peut-on accuser notre ville de faillir à son quota de logements sociaux et, dans le même temps, lui refuser le département qu’elle réclame ? Soyons francs : si nous en sommes arrivés là, vraiment, il est grand temps de faire disparaître cette entité administrative amnésique, pingre, désuète et inutile, pour "départir" sa dépouille et sa dîme entre nos pauvres communes, au service de leurs logements sociaux, de leurs stades et de leurs bacchanales. Ainsi pourrons-nous retrouver enfin le beau sens du partage. 

A propos de stades, il me faut dire un mot d’une certaine polémique autour d’un candidat socialiste d’Ile-de-France aux régionales, prétendu délinquant multirécidiviste après avoir été d’abord traité de joueur de football, pour une sienne couleur qui n’avait rien de politique. On voulait sa peau, si l’on peut dire. Dans cette République devenue un billard à trois bandes, ai-je tort de me sentir visé ? Le Hun ne tire-t-il pas à mes dépens les ficelles de ces marionnettes aux propos diffamatoires, candidates de notre camp ? Pourquoi cette obstination à me nuire, à me noircir, à m’écarter à tout prix de l’échéance duodécimale où doit se jouer mon avenir ? Dubitative autant que digitale, Denise craint que je me mette le doigt dans l’œil et sombre dans la paranoïa. Croit-on pourtant que seul le hasard fasse que cette odieuse affaire valdoisienne ne puisse être évoquée dans la presse sans que, invariablement, on cite mon nom comme celui d’un maire condamné ou en sursis ? Ces ficelles sont des cordes à quoi me pendre comme on promet à d'autres le croc du boucher.

Toute pénitence faite, croyez-moi, c’est le pardon qui fonde la justice des hommes, à l’instar de celle de Dieu. C’est le pardon qui blanchit, non les urnes, qui plutôt redonnent des couleurs. J’hésite à mettre des guillemets, mais il me semble bien que c’est François Mitterrand qui me tint jadis à peu près ce langage, dans l’intimité de nos précieux échanges hebdomadaires ; j’étais alors moi aussi le patron du Département, comme on dit au Quai. Plus de quinze ans déjà, que le temps passe !... Heureuse époque où il y avait encore un ministre aux Affaires étrangères ! Et, pour tout dire, aussi un président à l’Elysée, que du reste on n’a jamais vu porter montre au poignet ou au gousset. Sans oignon, Swatch ni Rolex, il donnait le temps au temps et nous parlions de livres, qui n’étaient pas de comptes comme ceux du père Grandet au Conseil général. 

A propos de comptes, je me réjouis que le petit prince m’ait enfin dégoté un remplaçant pour la rue Cambon. Denise lui trouve beaucoup de charme, avec un je-ne-sais-quoi de moi dans la coiffure. Un peu plus joufflu tout de même... "Plus jeune et plus souriant aussi", me fait-elle remarquer. Séduisant, non ?" Peu me chaut à vrai dire. Personnellement, c’est son âge qui me séduit, bien plus que son crâne lustré. Mon Dieu, ce que j’aurais encore le temps de faire avec sept ans de moins ! Tous ces logements sociaux ! Tous ces stades d’urgence ! Maudit Tabernacle ! Maudit Conseil général, multirécidiviste !

1 commentaire:

Iker Otsoa a dit…

Le temps, le temps...
Rassurez-vous, le temps de cuisson d'un oeuf dépend aussi de l'altitude à laquelle il se trouve.