"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

lundi 4 avril 2011

Blanc benêt...


Samedi après-midi, sur le chemin d’une convention nationale dans notre bonne ville ensoleillée, un élu qui me passait la main dans le dos remarqua la raideur des fibres de mon costume. « Vivez avec votre temps, me dit-il ! En politique comme à la ville, on ne prend pas une veste de nos jours sans s’assurer qu’elle contient du Lycra ! C’est une fibre souple, élastique et durable, toujours associée à d’autres pour assurer l’unité du tissu dans la richesse de sa diversité. » A vrai dire, le rapport m'échappe entre mon air engoncé, ma récente défaite par procuration aux cantonales et le thème de cette convention où il allait être question d’immigration et de laïcité... Tristesse d’être privé là de mon duettiste d’emprunt, hélas empêché, que son parti avait remplacé par un second couteau de Franche-Comté, région plus réputée pour ses horloges que pour ses lames.

A ce propos, on ne se priva pas de me faire sentir que je n’étais point à l’heure, comme si un homme ubique pouvait être partout à la fois ! Les Ivoiriens et les Libyens comprendraient-ils que je les sacrifiasse pour une causerie somme toute municipale ? Soyons francs : quand j’ai accepté cet engagement local, je pensais que nous aurions eu raison depuis longtemps des despotes qui continuent de m’occuper sur plusieurs fronts d’Afrique. Qu’on n’accuse donc pas mon retard mais bien celui de notre victoire sur les tyrans ! Était-ce faiblesse que de croire la dictature soluble dans un très brillant discours à l’O.N.U. ? Sincèrement, je ne le crois pas. N’est-ce pas moi, pourtant, que vise parmi d'autres un chroniqueur du dimanche quand il évoque un « lyrisme benêt », allant même jusqu’à me fourrer sans doute dans le même sac que Razibus, dont il persifle l’« activisme brouillon » ? Impertinence et vilenie ! Cette guerre hors-sol m’a déjà coûté un canton : veut-on qu’elle me barre demain la route de l’Elysée plutôt que de m’y mettre en selle ? Combien de deniers ce chrétien bavard a-t-il reçu pour sa trahison ?

Quel réconfort heureusement dans les sondages ! Quel baume au cœur hier que les chiffres du Parisien ! Les électeurs de droite, dit-on, me placent dans le top 3 de leurs candidats à la présidence de la République en 2012 ! Avec 41% de leurs suffrages, je talonne le brévipède tenant du titre qui, bloqué à 54% par sa talonnette dans le descenseur, est lui-même écrasé de trois points par son moine de Solesmes ! Ma remontée est fulgurante, m'assurent mes conseillers, et sans doute ai-je déjà à cette heure dépassé ce score impressionnant ! N’est-ce pas la preuve que les Françaises et les Français me plébiscitent sur la scène internationale, fiers que notre pays ait enfin retrouvé par ma voix la superbe du Général ? Dès lors, qui mieux que le vainqueur des tyrans sanguinaires pourra interdire demain au socialisme d’imposer sa terrible dictature dans l’Hexagone ? Certainement pas Rikiki-se-ratatine !

La maire de Lille nous promet à ce propos un projet « bien à gauche et moderne » pour 2012. Ce n’est pas de l’humour mais l’un de ces oxymores-nés dont son parti a le secret ! Je crains en effet que, dans mon dictionnaire, « gauche » et « moderne » ne soient résolument des antonymes ! Qu’est-ce au fond que la gaucherie, sinon prétendre donner de la main gauche au peuple ce que l’on n’a pas et que, de retour au pouvoir, nous lui reprendrions naturellement de la main droite ? Quant à la modernité, les jeunes à qui ce parti vieillot promet la lune plus 300 000 emplois savent bien que c’est tout simplement suivre la mode, pas le socialisme !

Si la gauche n'était point grâce au ciel fort démodée, cela se saurait ! En vérité, la mode est à l’abstention, on l’a bien vu le 27 mars et, comme l’enseigne le proverbe : « Qui ne dit rien consent ! » C’est fort de cette approbation que je bâtis sans bruit mon programme pour la France, respectueux de l’écrasante majorité de Françaises et de Français qui, en toute humilité, nous ont signifié leur consentement en se tenant à l’écart des urnes. Que ces sans-voix sachent que je les entends, déterminé à me faire demain leur porte-parole ! Oui, ils sont ma force et mon soutien car, comme l’écrit joliment le poète,  « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse. »
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P.S. Tu as perdu Denise, je n'ai pas cité ma pie voleuse ! Tu connais ton gage...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

L'ubicuité d'un oeuf battu n'empêche pas l'utilité du gilet pare-balles, où le lycra pourrait ne pas suffire...
J'ignore le gage qui vous attend, mais vous pourriez bien vous faire crosser pour la subtile description de la sortie de crise cantonale du PS vers les emplois d'avenir.
Votre pie affectionnée n'a pas l'air de badiner avec ses E, ni avec son affection pour MartinE, que ne semblent pas partager ses alphonse ou martine sans majuscule...