"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

vendredi 2 décembre 2011

Le Toulon d'Achille

Reçu de Denise à l’instant sur mon iPhone la photo d’une inconnue, prise dans une brasserie parisienne qui m’évoque La Coupole. Une sienne « amie » me précise-t-elle, fâchée de ne plus jamais la croiser dans notre lointaine métropole qu’elle la suspecte de snober… Entre deux gorgées d’un petit noir moins serré que son derrière, cette aimable bourgeoise du bouchon se serait gaussée de mon blogue, traité de « prosocopée » (sic). Vieux perroquet encarté sans doute épris de notre fascinant secrétaire général, la péronnelle voulait bien sûr parler de prosopopée, antique procédé qui consiste à faire parler des personnages fictifs ou des morts, voire des animaux ou des choses. Ayant eu jadis à traiter rue d’Ulm de cette figure de style, j’avoue ne pas comprendre en quoi elle pourrait définir mon dialogue hebdomadaire entre moi. Chargé Denise de suggérer à cette pieuse femme de se contenter de lire saint Jean – entendez de la littérature de gare – plutôt qu’un blogue sans fiction où, tel La Bruyère peignant scrupuleusement son propre Caractère,  je me contrains sans complaisance tous les huit jours à la plus stricte éthopée.

Dit dans mon dernier billet ma fierté d’être la doublure du grand Razibus. Déchiré à ce propos de n’avoir pu lui faire hier l’honneur de ma présence à Toulon, pour le lancement de sa campagne de France. Il n’ignore pas bien sûr que sa belle doublure était malheureusement coincée à Bruxelles, où les coutures de l’Union craquent partout aux emmanchures. Grande émotion néanmoins en visionnant au soir avec ma femme digitale la cassette de son Zéntih. « Un tribun exceptionnel, capable de vendre au prix neuf une vieille paire de skis à un Papou tétraplégique », m’assure Denise ! Revu dans la foulée la première saison de son discours, tournée aussi en 2008 dans cette belle ville méridionale de Front de mer. « Nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe ! » y clamait-il avec une extraordinaire acuité. Authentique « Voyant » rimbaldien pas encore passé au rouge, le président-poète nous montrait déjà il y a trois ans, sans le dire, les doigts d'honneur que les agences de notation lèveraient vers l’Europe en 2011, dans l’indécent ricanement de leurs AAA !

Soyons francs : Dans la guerre des Trois déclarée à l’Europe endettée par ces agences douteuses et des marchés voraces, Rikiki n’est pas un Charlot comme des malveillants s’ingénient à le prétendre, mais le valeureux Achille des Temps Modernes, ce qui explique au passage son point faible pour Toulon. Soldat toujours volontaire pour rejoindre le Front, croyez-moi, jamais ce héros national n’ordonnera à L'Iliade de faire les valises ! C’est pourquoi je conjure mes e-lectrices et mes e-lecteurs de barrer la route de l’Elysée à une meute socialiste passée sans crier gare du « germanopratisme » à la germanophobie ! Je vous le dis solennellement : l’arrivée de la gauche au pouvoir en mai serait fatale au couple franco-allemand, et partant à notre précieuse Union européenne ! J’appelle donc chacune et chacun à la résistance pour que le président de la République n’ait pas travaillé pendant cinq ans pour le roi de Prusse !

Ne sais pourquoi l’évocation du couple franco-allemand me ramène à l’esprit meine diebische Elster - ma pie voleuse ! -, dont j’apprends que les siens l’auraient intronisée hier soir pour me défier en juin sur mes terres législatives. Nul n’ignore ici le peu de sympathie que m’inspire ce médecin moins hospitalier que je ne le suis moi-même à son égard, depuis cinq ans qu’elle squatte impunément mon siège sur la deuxième circonscription ! Oh, je sais bien qu’elle me traite comme impatient, mais cette déformation professionnelle n’entame en rien ma résolution de la soigner moi-même, histoire d’inverser les rôles enfin ! Oui, je prétends la guérir une bonne fois pour toutes de son addiction parlementaire : deux ans de cure sévère en milieu fermé à l’hôtel du département et, l’âge de la retraite venu, nous pourrons la rendre tranquillement à la vie civile, à son époux tédesque et à son berger allemand ! « A moins qu’elle ne soit sauvée dans six mois par sa foi en Hollande... », me susurre l'incorrigible Denise. Drôle d'idée ! Pourquoi diable irait-elle en pèlerinage aux Pays-Bas ?!

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