"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 16 octobre 2008

Des camionnettes


La presse m’agace qui s’éternise sur un mien arrêté municipal, traitant des "véhicules équipés pour le séjour ou l’exercice d’une activité", dont un nouvel alinéa n’interdira plus bientôt le stationnement sur la voie publique qu’entre 5h00 et 23h00. De mauvais esprits, souhaitant attirer l’attention de mes administrés sur un prétendu revirement, ne manquent pas de pointer que j’autorise hypocritement de facto certaines camionnettes, à la suspension parfois indiscrète, à demeurer sur la voie publique entre 11h00 du soir et 5h00 du matin.

Quelle absurdité ! Si l’on admet le travail de nuit dans les abattoirs, pense-t-on vraiment que le commerce de la viande soit plus noble que celui de la chair, et pour quelle raison ? Sur le principe de l’économie de marché, je ne suis pas choqué que l’offre réponde ici à la demande, de surcroît près d’une école dont le nom bucolique, Ferdinand-Buisson, évoque un peu pour moi le nid de Cupidon. Soyons francs : les enfants dorment à pareille heure, et je ne propose qu’une gestion intelligente et pragmatique du temps, entre La Fontaine le jour, et le Marquis de Sade la nuit. Croyez-moi, c’est un moyen de rapprocher les pères de l’école de leurs enfants, fût-ce dans une fourgonnette au bord du trottoir. J’ai soudain la nostalgie de la voiture du boulanger de mon enfance landaise. Pourquoi parler de prostitution ?


La camionnette du boulanger, c’est dans cette ville, nous dit-on, celle d’Ali Coskun, un généreux Turc qui chaque matin distribue gratuitement son pain aux pauvres. Franchement, ne maintient-il pas à sa façon les indigents dans le confort d’une oisiveté nocive ? Un homme respectable doit gagner son pain, et il n’appartient ni à l’Etat ni au boulanger de le lui donner sans contrepartie. Ceux qui stigmatisent les milliards d’euros publics donnés à des banques indélicates pour leur sauvetage seraient inspirés de se dire que, un jour lointain, cela a pu commencer par un pain. Qu’on se rappelle le commandement de Moïse : "Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front". C’est sans cela du pain sans sel, qui témoigne d'un bien mauvais régime.


Au mini zénith de Parempuyre hier soir, la Boucle d’or épanouie des socialistes en était quasiment à proposer de nationaliser les boulangeries pour en faire des banques du pain, sous les applau-dissements des ouvriers de Ford, en grève pour l’occasion au lieu de chercher du travail. Ces fainéants croient-ils donc que le pain va leur tomber tout cuit dans le bec et qu’ils seront sauvés par l’Etat-providence ? Ils se trompent royalement, croyez-moi, et leur réveil sera difficile quand ils comprendront enfin que c’est au seul prix de leur sacrifice que, peut-être, seront sauvés leurs emplois. Qu’ils écoutent la reine du Chabichou s'ils n’ont pas confiance dans le libéralisme, et ils n’auront plus demain de pain sur quoi manger son fromage ! Ils peuvent toujours rêver, je vous l’assure : leurs désirs d’avenir ne sont pas de ceux qu’on assouvit dans une camionnette Ford, fût-elle respectueuse de son environnement.


Denise s’étonne que mon blogue se spécialise imperceptiblement dans les camionnettes. C’est une curiosité intéressante, je le concède, dont j’avoue ignorer la symbolique freudienne. Mon intuition m’entraîne vers la location, au double sens du (mauvais) lieu et du louage. Ayant perdu la chambre, relouée à la gazza ladra qu’on sait pour un bail inique de cinq ans, j’ai sans doute opéré un transfert sur la camionnette, dans quoi l'homme peut louer les services d’une assistante, avec qui parlementer en caressant son gagne-pain. Dieu soit loué, je n’en suis pas encore arrivé là !

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