"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

mercredi 1 octobre 2008

Après l'an pire ?


Lu ceci hier, sur un blogue dont je tairai le nom par charité bien ordonnée, sous un titre à l’ambigüité plurielle - Crises : "Nous sommes tous choqués par l’ampleur, la brutalité, la complexité de la ou des crises qui secouent la planète. Qui a vu venir le coup ?" Et plus loin : "Soyons francs. Au-delà des déclarations de principe, personne n’a vraiment compris, anticipé, agi. Encore aujourd’hui personne ne sait vraiment où tout cela va s’arrêter." N'est-ce pas rassurant !

On croirait d’une suite de tremblements de terre et d’éruptions volcaniques, ou de la pandémie d’une Peste majuscule, comme dans la fable de La Fontaine ! Ne tournons pas autour du pot : j’affirme qu’un homme d’Etat véritable est celui qui voit dans la nuit des autres ; telle la chouette d’Athéna, il est lucide. Franchement, que penserait-on aujourd’hui d’une personnalité politique de haut rang qui, confrontée aux assauts du nazisme, aurait osé en 1940 une telle déclaration au lieu, comme de Gaulle, de s’insurger au premier jour ? Je l’ai déjà écrit ici : il faut d’urgence à ce siècle, comme au précédent, son général visionnaire. Soyons francs : qui d’autre que moi peut prétendre aujourd’hui à ce rôle, qui n'est pas de composition ?

J’ai cité en d’autres combats le Traité de décomposition de Cioran. Dans ce registre, je recommande ardemment aujourd’hui aux aveugles la lecture d’un livre d’Emmanuel Todd, paru en 2004 : "Après l'empire : Essai sur la décomposition du système américain". Tout y est ou presque, preuve qu’il vaut mieux préférer parfois la fréquentation des démographes à celle des sismographes, si l’on n’est pas soi-même trop sensible aux mouvements profonds du monde. Faute de quoi, on expose dangereusement les citoyens aux facéties de banquiers avides et inconséquents, dont on finit toujours par classer les turpitudes en catastrophes naturelles. La foi du libéralisme débridé a ses limites : il ne s’adresse jamais à Dieu pour un miracle, mais toujours à l’État, dont il boude bien moins les deniers que le culte Me laissera-t-on, avec une baguette de coudrier, retrouver les sources du gaullisme pour la France, ou suis-je condamné à subir et ne rien comprendre, ou du moins à le prétendre, tel Nicolas XVI ou ce plaisant blogueur obtus qui se reconnaîtra ? Ô miroir !

Hélas, à l’heure où la cité vit, sans moi ou presque, au rythme de réunions ministérielles européennes sur le devenir du monde, présidence française de l'U.E. oblige, il ne me reste guère pour agir sur la Crise que la surveillance du Crédit municipal.
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P.S. Denise, ma tentation durable parisienne auprès de qui je m’épanchais tout à l’heure au téléphone, m’a conseillé d’ouvrir au hasard l’intégrale de Cioran de Quarto-Gallimard, que j’avais sous la main. Suis tombé sur ce syllogisme de l’amertume : "La malhonnêteté d’un penseur se reconnaît à la somme d’idées précises qu’il avance". Comprenne qui pourra. Comme celles du Seigneur et du capitalisme financier, les voies de Cioran sont parfois impénétrables.

1 commentaire:

Parti Mou a dit…

ah non!
si les maires se mettent à lire Cioran, où allons-nous?!...