"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 30 octobre 2008

Poupée de Sire


Lever très matinal, après une nuit battue par la pluie, perturbée par de curieux picotements dans plusieurs parties du corps. Anxiété, hernie discale, mauvaise circulation sanguine, diabète, problème cardiaque, accident vasculaire cérébral, arthrite, syndrome du canal carpien, tumeur ? Je suis inquiet. Devrai consulter si les symptômes persistent, tant l’altération de ma santé pourrait être fatale à la France. De plus en plus nombreux sont les Français impatients de nos retrouvailles, au douzième anniversaire de ce siècle déjà si tourmenté : un handicap ou ma disparition les laisserait orphelins de leur avenir.

Nisa hausse les épaules, qui pense à une simple manifestation psychosomatique, après que j’ai joué quelques instants hier soir avec une petite poupée vaudou, qu’on dit poursuivie en justice. Je ne crois pas plus à ce diagnostic qu’à une ou deux aiguilles glissées entre mes draps. Au passage, je trouve l’idée de la poupée intelligente, et stupide le courroux du petit pantin débouté qui squatte mon appartement, au 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. L’ensorcellement l'effraie-t-il ? A-t-il peur pour sa rate ? Craint-il l’impuissance, ou plus trivialement qu’on pique son portefeuille ? Curieux homme tout de même, offusqué par sa poupée habillée, mais nullement gêné de voir sa femme exposée sur Internet dans le plus simple appareil. La reine peut donc aller nue tant qu’on n’habille pas le roi pour l’hiver.

Cette affaire de justice est ridicule, et j’avoue avoir encouragé Nisa à rencontrer discrètement l’éditeur K&B, sous un prétexte digital. Soyons francs : je suis blessé qu’on n’ait pas pensé à moi, plutôt qu’à la présidente des chèvres du Poitou. Les Français en effet, je le crois, apprécieraient pour Noël une poupée vaudou à mon effigie, tant ils montrent d'affectueuse admiration pour ma personne. Peu m’importe la liste des formules magiques dans quoi ils planteraient leurs aiguilles :
"caribou, droit dans mes bottes, adichat, emplois fictifs, tentation de Denise, deuxième circonscription, dévelop-pement d’érables, 26 rue Jacob, Entre-moi, dissolution, capitale européenne de la culture", que sais-je encore ? Plutôt le bénéfice facile d’une saine publicité bon enfant, croyez-moi, que les honneurs létaux d’un journal satirique et l’acharnement des juges !

Je m’interroge : un lien peut-il exister entre cette histoire de poupée
"déboutante" et l’incendie criminel qui a détruit avant-hier notre Guignol au jardin public ? Faire demander à Guérin s’il n’aurait pas fait tenir à sa marionnette des propos déplacés sur la poupée de Sire. Pour tout dire, je ne serais qu’à moitié surpris qu’un incendie accidentel ravage une de ces nuits des locaux éditoriaux parisiens de la rue de Liège. A défaut du pilon, le vaudou pourrait bien finir à la broche comme le veau gras, et partir en fumée s’il a fâché Néron.

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