"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

jeudi 23 octobre 2008

Les motions d'Abraham


Rien de bien intéressant à la télé hier soir, après le feuilleton anisé de France 3 que je continue résolument de boycotter. Vaguement parcouru au lit, pour m’endormir, les motions du congrès rémois des socialistes. Ce n’est certes pas l’alpha et l’oméga, puisqu’on n’y dépasse pas la lettre F, mais il y a là-dedans pour un solide capitaine, avec l’effondrement de la finance spéculative, quelques idées recyclables à tribord. Pour la motion A, j’hésite entre la nostalgie et la mise en garde, tant j’aurais deux ou trois choses à dire sur le retour d’un maire de Paris à l’Elysée. L’enfer de Matignon, qu’on ne saurait taxer d’emploi fictif, était en effet bien doux, comparé à ce qu’il m’a fallu payer ensuite pour le bazar de l’hôtel de ville. En cas de défaillance socialiste à Reims, les Français sauront bien, croyez-moi, prévenir la récidive, en choisissant un grand maire de province endurci dans l’adversité.

J’avoue une certaine tendresse pour la touche
"grenelée" de la motion écologique, à quoi le sort a réservé la lettre B, tel un sobre "bien" moulé dans la marge à l’encre verte. Me dira-t-on présomptueux si je revendique la paternité de ses propositions les plus hardies ? Qui connaîtra jamais la politique révolutionnaire que j’aurais conduite si, dans l’espace législatif, l’irruption fatale d’une cancérologue avide de pouvoir n’avait fauché, dans son somptueux envol, le meilleur ministre d’État durable dont ait jamais pu rêver la France ! A-t-on vent du nombre d’éoliennes dont la cupidité honteusement récompensée de cette usurpatrice a privé par ricochet le territoire national ? Je demande fraternellement aux militants sensés de la motion B, pourfendeurs du tout nucléaire, de s’interroger avec moi : cette misérable femme battue, n’aurions-nous pas échappé hier aux fuites à répétition du Tricastin ?

D’un congrès l’autre, je franchis l’Atlantique. Non point à destination de ce cher Québec qui m’a tout appris naguère du développement durable, mais des États-Unis. Je n’évoquerai pas leur élection présidentielle imminente – bronzé, quel superbe Obama je ferais tout de même pour la France ! – mais leur grand Abraham Lincoln, qui a dû jadis affronter comme nos socialistes une guerre de sécession. Qu’on médite un instant les paroles suivantes, par lui prononcées dans son premier message au congrès :
"Le capital est seulement le fruit du travail et il n’aurait jamais pu exister si le travail n’avait d’abord existé." Voilà bien la preuve que ce président républicain, contemporain de Marx, a peut-être à sa façon inspiré l’auteur du Capital. Nul n’ignore que Bush n’est le descendant ni de l’un, ni de l’autre. Pendant que notre petite mouche du coach nationale joue avec son copain Jaurès dans la cour de l’Elysée, en rêvant d’être George W., retournons sans complexe aux sources vives de la droite américaine qui a su affirmer, avant Marx, la primauté du travail sur le capital.

Nisa me soutient que Lincoln, qui avait un monde d’avance sur son époque, voterait peut-être aujourd'hui la motion C du jeune et séduisant Hamon. Je suis tout de même dubitatif. Quoi qu'il en soit, je concède volontiers que la star de la motion E, des Charente et du Poitou a plus de charme, de classe et d’intelligence que Sarah Palin. Ce n'est pas rien, et l'on sait du reste qu’elle n’est pas candidate à la vice-présidence. Elle n'en souffre pas moins pour autant d’un handicap majeur : la proximité et le soutien de mon insoutenable pie voleuse ! Dans mes pires cauchemars, je les vois toutes les deux, bras dessus, bras dessous, au beau milieu de ma route de 2012, me hurlant aux oreilles comme les sirènes du SAMU.

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