"Si tu es amer, plains-t'en." (proverbe gascon)

samedi 4 octobre 2008

Aimé Césaire


Me réjouis que le jeune et gentil remplaçant du sinistre Roussy, à la tête de notre communauté urbaine, ait eu son Poutou matinal dans le TGV de Paris, à l’heure du laitier. Non pas que je lui ménage moi-même mon affection mais, au train où vont les choses, je ne m’étonnerais pas qu’il rebaptise bientôt sa ville Blanque-Ford, en mémoire de l’usine qui va se faire la belle. Avec une joyeuse troupe, pancartes et calicots, il s’est donc offert aujourd'hui le Mondial de l’automobile, dans un train spécialement affrété par le comité d’entreprise - qui doit avoir sa cagnotte, tenez, comme le sénat !


Outre le Poutou de la CGT et autres coreli-gionnaires, il y avait dans ces wagons de l’aube, me dit-on, des représentants de tous les partis politiques. Tous, sauf un : celui que j’ai donné naguère à la France, comme le général le RPF, et dont il me faut - pauvre Sisyphe ! - reconquérir aujourd’hui la présidence… départementale ! Que ne m’a-t-on invité à bord du train, en tant que successeur à l’hôtel de ville de ce maire séducteur au nom de stade, qui avait su attirer chez nous le constructeur automobile américain ? Je ne comprends pas cet ostracisme d’un autre âge, qui m’afflige et me blesse. Mon agenda étant très chargé, j’aurais volontiers délégué mon légionnaire, lève-tôt en mal de nouveaux combats à perdre.


J’ignore si le MoDem et la LCR ont saucissonné sur la même banquette de première classe, et offert l’un une orange et l’autre un coup de rouge à l'Aimé Césaire de Ford-France, pour lui remonter le moral. C’est en tout cas beaucoup de bruit pour rien et, depuis plus d’un an que la nouvelle est tombée, ces seize cents ouvriers auraient été bien avisés de chercher un nouvel emploi, plutôt que de s’obstiner à réclamer bruyamment l’impossible ! Eu égard au marasme économique et financier dans quoi se trouvent aujourd’hui plongés la France, l’Europe et le monde, il est même franchement indécent, pour tout dire, de garder le nez enfoncé dans son petit nombril, au lieu de tendre courageusement la narine vers de lointains gisements d’emplois. A tout prendre, un maire adepte des énergies renou-velables aurait été mieux inspiré, croyez-moi, d’envoyer ces pauvres gens se battre pour des moulins à vent, au nom du développement durable !


Quoi qu’il en soit, je préfère ce brouillon cub dans son TGV matutinal, plutôt qu’à marcher sur mes platebandes ou à faire le nez devant une facture de ligne à grande vitesse, en prétendant qu’il a laissé son carnet de chèques dans un autre veston. Sait-on à propos que, pour le congrès socialiste, ce doux rêveur a rejoint, avec jean et baskets, la motion de la nouvelle star bouclée du Zénith parisien ? Le voilà donc par ricochet acoquiné localement avec la mia gazza ladra, qu’on va sans doute bientôt voir me filer le train sur les tribunes officielles avec une guitare électrique. Cela dit, le petit chanoine ayant installé à l’Elysée una bella cantante qui lui chante "Tu es ma came", il est bien naturel qu’on reconnaisse à un élu socialiste son droit à l’héroïne.

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